Un siècle d'intermittence et de salariat. Corporation, emploi et socialisation : sociologie historique de trois horizons d'émancipation des artistes du spectacle (1919-2007)
Auteur / Autrice : | Mathieu Grégoire |
Direction : | Bernard Friot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La sociologie historique des artistes du spectacle met en lumière les changements d’horizons d’émancipation qu’ils poursuivent de 1919 à 2007. La thèse retrace les voies empruntées par ce groupe social pour s’émanciper d’un marché du travail qui semble le condamner soit à l’irrégularité et à l’insuffisance des revenus, soit à une subordination difficilement compatible avec l’exercice vocationnel du métier. La première de ces dynamiques (1919-1937) est celle du corporatisme. Dans un contexte d’absence de régulation étatique, les syndicats entreprennent de s’imposer comme source de normes, en fixant des tarifs, et de coercition, en mettant à l’index les employeurs qui outrepassent les règles syndicales. La deuxième dynamique (1937-1979) fait de l’emploi l’institution émancipatrice privilégiée. Dans une perspective d’alignement du salariat intermittent sur le modèle plus ordinaire d’un salariat stable, les salariés du spectacle aspirent au plein-emploi de tous et de chacun, justifiant ainsi l’idée de développement de la production tirée par l’État. La troisième dynamique (1980-2007) trouve son origine dans la socialisation massive des salaires des intermittents via le dispositif d’indemnisation de l’Unedic. Par le rééquilibrage partiel de l’asymétrie salariale qu’elle opère, la socialisation de leurs ressources constitue le socle économique d’un contre-pouvoir professionnel. La montée en puissance du dispositif, même s’il n’a pas été pensé comme tel à son origine, est l’occasion, non pas d’une précarisation de l’emploi mais, au contraire, d’une amélioration des salaires.