Thèse soutenue

Le concept de technologie à l'échelle des molécules-machines. Philosophie des techniques à l'usage des citoyens du nanomonde

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Auteur / Autrice : Sacha Loeve
Direction : Bernadette Bensaude-Vincent
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Epistémologie, histoire des sciences et des techniques
Date : Soutenance le 21/09/2009
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Jean-Michel Besnier
Examinateurs / Examinatrices : Bernadette Bensaude-Vincent, Jean-Michel Besnier, Terry Shinn, Gérald Dujardin, Alfred Nordmann, Bernard Stiegler
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Michel Besnier, Terry Shinn

Mots clés

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Mots clés libres

Résumé

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Que peut bien signifier « technologie » dans un champ de recherche aussi polymorphe que les nanotechnologies ? Cette question est rarement soulevée, tantôt noyée dans l’étude prospective des « impacts » futurs des nanotechnologies, tantôt évacuée au nom de la distinction entre « nanosciences » et « nanotechnologies », la première désignant la recherche en amont, la seconde, des applications purement utilitaires. La question se pose au vu des recherches dans le domaine des machines moléculaires artificielles : les pratiques mises en œuvre dans un petit nombre de laboratoires permettent de repenser la technologie pour lui associer des significations cognitives et culturelles qui font alternative aux discours majoritaires des nanotechnologies. La question sera abordée en mobilisant un concept de technologie hérité de Gilbert Simondon, qui caractérise les objets techniques par les processus d’individuation de leurs schèmes fonctionnels. D’un point de vue épistémologique, le concept de « technologie » dans « nanotechnologies » désigne une gamme de pratiques de design pas nécessairement utilitaires et, indissociablement, une activité cognitive non prioritairement théorique. La « technologie » à l’échelle nano produit des connaissances traversant les champs disciplinaires de la chimie, de la biologie et de la physique, mais elles ne sont pas directement au service de la résolution de problèmes théoriques posés dans le cadre d’un paradigme scientifique donné. Les nano-objets ne sont ni de purs faits naturels, ni de purs artéfacts, mais des machines épistémiques inséparables des dispositifs mis en œuvre pour les individualiser. D’un point de vue culturel, la technologie niche au cœur de l’activité scientifique mais ne se réduit ni à la science ni à ses significations sociales. La thèse s’articule autour de trois registres d’analyse distincts. Premièrement, une revue des discours d’accompagnement s’attache à décrire les stratégies rhétoriques et iconographiques de définition et de promotion des nanotechnologies, ainsi que le rôle qu’y jouent spécifiquement les molécules-machines.Deuxièmement, des analyses des pratiques instrumentales montrent qu’il existe différentes trajectoires présidant à l’émergence des molécules-machines : en chimie de synthèse, en biophysique et en microscopie en champ proche. Toutefois, celles-ci tendent à se recouper et à et se stabiliser dans un régime de production et de diffusion d’images qui ne sont plus des « représentations de la nature » mais des « images-objets » ; nous dégageons les implications épistémologiques et ontologiques de ce régime des images inédit. Troisièmement, nous nous appuyons sur une série d’entretiens menés lors d’enquêtes en laboratoire pour décrire en détail les pratiques dédiées à la réalisation, l’étude, la mise en image, la simulation et la manipulation de ces molécules-machines. Le but est de dégager les problèmes conceptuels que posent leurs démarches de design et les valeurs épistémiques qui transparaissent dans les relations entretenues par les chercheurs à ces objets.