L'épuisement dans l'œuvre de Samuel Beckett : point critique ou lieu commun ?
Auteur / Autrice : | Mireille Bousquet |
Direction : | Claire Joubert |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues, littérature et civilisations des pays anglophones |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Résumé
Il s'agit d'examiner la pertinence du terme ''épuisement'' pour la poétique de Samuel Beckett. Le terme épuisement fait travailler dans un rapport de tension ambivalente l'exhaustivité avec le vide, mais aussi la fatigue, replaçant le corps au centre de la problématique, comme l'a bien montré Gilles Deleuze dans ''L'Epuisé''. L'œuvre de Samuel Beckett est le lieu d'une révolution du langage qui conjugue l'exploration de la négativité, du silence et du rien, avec la volonté de créer de nouveaux régimes de sens. Le mal dire invente de nouvelles manières de faire entendre la langue anglaise (mais aussi la langue française) comme une langue étrangère, par un travail sur la voix, la prosodie, la traduction. La question du bilinguisme de l'œuvre de Beckett y prend toute sa force de levier critique car poser le problème de la traduction, c'est poser une théorie du langage inséparable d'une théorie de l'énonciation et du ''discours'' au sens de Emile Benveniste. C'est autour de la question du ''comment dire'' que s'engage l'invention d'une manière continuée et trans-genres. A travers le travail sur la voix c'est le primat de l'oralité dans l'écriture qui est affirmé. L'écriture de Beckett donne à entendre et à voir d'une manière indissociable. L'épuisement, envisagé non du côté négatif de la fin, mais dans la richesse d'une possibilité de sens jamais arrêtée, révèle la valeur de l'œuvre comme indécidable. L'épuisement est un concept opérant pour caractériser l'invention de ce mode mineur du dire.