Le deuil du visible dans le processus de création picturale : investigation d'un lieu englouti : la Chartreuse de Vaucluse (jura)
Auteur / Autrice : | Anne Vincent-Durand |
Direction : | Daniel Danétis |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Esthétique, sciences et technologie des arts |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'approche métaphorique d'un lieu désormais englouti au fond d'un lac artificiel, la Chartreuse de Vaucluse, nous invite à interroger les frontières du visible dans le processus de création picturale. Une enfilade de treize portes retient particulièrement notre attention par son dispositif mis en abîme qui, tout en s'illimitant, met en évidence l'enjeu principal de nos recherches : le seuil. Cette zone de transition et de contact est susceptible d'engloutir ou laisser surgir des présences latentes. De la vision rêvée de la Chartreuse à celle, éclatée, des miroirs de la surface du fleuve de la Loire, du motif espéré au presque rien, la recherche d'un espace originaire nous invite à nous perdre et paradoxalement, à apparaître. Passer de ce qui serait de l'ordre du presque rien à une spatialité sans chose, sans objet, est la tentation qui s'offre à nous dans ce parcours intuitif et solitaire. Du lieu intériorisé dont les limites sont toujours fuyantes, au non lieu de l'espace pictural, le processus soustractif se poursuit. Nous tentons de comprendre ce qui contribue à faire advenir un visible qui ne cesse de nous échapper. La difficulté est de laisser surgir ce qui se meut sous la surface du tableau et la rend vivante ; de donner à voir l'invu, ce qui n'a pas trouvé figure. Ne pas vouloir pour se laisser surprendre par ce qui apparaît s'inscrit au cœur d'un processus déstabilisant et toujours inachevé. S'approcher au plus près d'un seuil ultramince est ce qui motive, à chaque tableau, le même saut dans le vide, et la même incertitude.