Nom, langue, identité : les errances du mot ''slave'' dans les discours de l'autre : à partir d'un corpus lexicographique – XVIIIe-XXe siècle – et romanesque – années 1880-1930 – de langue française et allemande
Auteur / Autrice : | Cécile Gauthier |
Direction : | Tiphaine Samoyault |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Résumé
Cette réflexion sur l'articulation entre nom, langue et identité, se fonde sur une étude de l'histoire et de l'imaginaire du mot ''slave'' dans les langues française et allemande. Les enjeux idéologiques et politiques propres au geste de nomination, relatifs à la construction identitaire d'une communauté linguistique, transparaissent de façon exemplaire dans le cas de ce nom. Cette étude met en lumière la violence grandissante dans les rapports entre les ''nations'' et les ''races'' en Europe à l'orée du XXe siècle, ce dont témoigne en particulier l'imbrication des mots ''slave'' et ''esclave'', prolongée dans un imaginaire de la ''slavité'' hanté par le motif de la servitude subie ou consentie. Malgré une certaine similitude des représentations, l'imaginaire du mot diffère cependant d'une langue à l'autre, entre outrance exotique dans le corpus littéraire français, et réticence, voire refoulement, dans le corpus germanique. Il ouvre sur une étude de l'imaginaire de ''la langue slave'' dans les romans, selon trois directions : la ''primitivité'' d'une langue proche des origines, le désir de la langue étrangère, et la politisation de la langue, arme de combat du Slave esclave révolté. Ce ''récit du Slave'' donne ainsi à lire – dans l'histoire de la langue et la manière dont la langue détermine le rapport à l'altérité – un pan de l'histoire des tensions nationalistes en Europe, qui éclatent lors de la Première guerre mondiale. L'''autre slave'' apparaît comme une des figures déterminantes d'''autre intérieur'', dont l'inquiétante absence de stigmate entraîne un surinvestissement de la langue comme marque de la différence.