Le parrain du néoconservatisme : pour une biographie intellectuelle d'Irving Kristol (1920-2009)
Auteur / Autrice : | Aurélie Godet |
Direction : | Catherine Collomp |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études anglophones |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
Cette thèse dresse le portrait de l'une des figures-phares du conservatisme américain : Irving Kristol, essayiste prolifique né en 1920 et décédé en 2009. À partir d'archives, d'entretiens et de micro-analyses textuelles, l'auteur montre que le cheminement intellectuel et politique du « parrain du néoconservatisme », loin de se réduire à un simple basculement gauche/droite, se définit avant tout comme une série de ruptures (avec le trotskisme, le socialisme, le libéralisme) et de réconciliations (avec la judaïté, le capitalisme, la religion), d'allers-retours entre des positions diamétralement opposées (réalisme/idéalisme en politique étrangère, laisser-faire/intervention de l'État). Si les quelque 650 articles publiés par Kristol entre 1942 et 2006 font bien apparaître quelques constantes (respect de l'autorité, patriotisme, défense des acquis du New Deal), la pensée de Kristol n'en conserve pas moins un caractère inachevé, parcellaire, qui, pour le biographe, est un gage de stimulation autant que de frustration. C'est finalement dans la sphère de l'action que le rédacteur en chef du Public Interest laisse l'empreinte la plus durable. Éminence grise des présidents Nixon, Ford puis Reagan, il est parvenu, grâce à ses contacts dans le milieu des affaires et de la philanthropie, à constituer un establishment conservateur dont l'influence n'a cessé de s'accroître à partir des années 1970 ainsi qu'à modifier la position des Partis démocrate et républicain sur certaines questions essentielles (baisses d'impôts, welfare, censure, etc. ). Au vu de ces résultats, le vocable d'« entrepreneur d'idées » semble devoir se substituer à celui, plus large, d'« intellectuel ».