Le dépôt des armes : la non-violence et la désobéissance civile comme déconstruction et reconstruction politique
Auteur / Autrice : | Hourya Bentouhami |
Direction : | Étienne Tassin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences juridiques et politiques. Philosophie politique |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
En raison des catégories de sacrifice et de souffrance qu'elles convoquent, la non-violence et la désobéissance civile sont souvent considérées soit comme la démonstration d'une passivité, d'un ajournement de l'action confinant à l'impuissance, soit, à l'inverse, comme l'exercice héroïque d'une conscience pure, capable de faire preuve à la fois d'une volonté extraordinaire et d'une clairvoyance prophétique. Double interprétation, qui amena respectivement à ranger la non-violence et la désobéissance civile du côté de la défaite éthique et de l’exceptionnalisme moral. Cette double attribution a conduit à leur relative disqualification politique dont on trouve des signes évidents dans la réticence de la philosophie politique à se transformer en une philosophie de l'occasion, pourtant distincte d'une philosophie de l'opportunité. Or, de fait, la résistance non-violente et la désobéissance civile fonctionnent bien plus sur le mode de la production d'une faille (comme le montre le sabotage ou le jet de sable, nocturne, d'Antigone) que sur celui de la destitution du tyran comme dans les théories médiévales du tyrannicide, ou sur celui de l'assaut comme dans les théories classiques du droit de résistance à l'oppression. C'est donc hors de toute philosophie de la conscience malheureuse ou de la conscience éclairée qu'il faut appréhender ces deux pratiques afin de les replacer au sein d'une éthique de la défaite dont le principe viserait, par le retardement de l'exercice du pouvoir et de la souveraineté, à la réhabilitation d'une politique des corps vulnérables qui aurait pour objet non pas l'invention d'un rêve contra-mundum, mais le soin du politique dans ce qu'il a de commun.