L'invention du conte comme forme littéraire : lectures croisées de l'Âne d'or et des Mille et une nuits dans leurs versions anciennes et leurs reprises à l'époque d'Antoine Galland
Auteur / Autrice : | Carole Boidin |
Direction : | Florence Dupont |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littératures comparées |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
Antoine Galland, premier traducteur des Mille et une nuits en Europe, les compare dans sa correspondance à l'Ane d'or. Cette comparaison les qualifie de « contes », catégorie transculturelle à l'époque car elle intègre différents récits dans une généalogie de la fiction qui trouve son aboutissement dans le roman moderne. La première partie de cette thèse étudie cette comparaison ainsi que ses fondements matériels, ses présupposés esthétiques et ses conséquences littéraires et critiques, en ce qui concerne la réception de ces deux ensembles, leurs réécritures et leur définition comme contes littéraires. Cette étude permet d'interroger en retour ces deux ensembles narratifs dans leurs versions anciennes, en deçà de leurs aspects folkloriques ou formels, pour définir des usages culturels spécifiques de la fiction. La deuxième partie interroge les Mille et une nuits dans leurs versions arabes, à partir de la représentation qu'en donne Galland comme modèle de la littérature arabo-musulmane et tableau de l'Orient. Du point de vue arabo-musulman, il n'est pas évident de placer les Mille et une nuits dans la bibliothèque des lettrés, mais il ne s'agit pas non plus de littérature orale ou populaire, quel que soit l'imaginaire des contes que Galland et ses successeurs y investissent. La troisième partie revient sur l' Âne d'or à partir des résultats des parties précédentes. Elle insiste sur les significations culturelles de sa construction énonciative : les histoires problématisent les valeurs associées à l'usage de la langue latine au profit de celles qui sont attribuées au grec, ce qui rend paradoxalement possible la production et la lecture d'histoires « à la grecque » en latin.