Scarifications et tatouages chez les jeunes dans la société d'aujourd'hui : une écriture sur le corps

Teenager scarifications and tatoos in modem society : a writing on the body

• Auteur / Autrice : Catherine Rioult
• Direction : Markos Zafiropoulos
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Anthropologie psychanalytique et pratiques cliniques du corps
• Date : Soutenance en 2009
• Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

Mots clés contrôlés

Aspect symbolique

Marques corporelles

Scarification

Tatouage

Adolescents

Résumé

La pratique des scarifications et du tatouage est en nette augmentation en France. Des études dans ce domaine dénotent l'importance aux yeux du sujet de l'irréversibilité de la trace sur le corps. Face à une souffrance psychique irreprésentable, ce symptôme répond au besoin de se rassurer sur l'existence de ses limites corporelles, d'éprouver de la douleur et de voir le sang couler. L'acte rend compte du défaut de pare-excitation et de l'absence de mot. C'est à partir du travail psychanalytique avec une adolescente qui se scarifiait que nous avons construit notre objet de recherche. Au moment même où la patiente, de sa propre initiative, nous a adressé des écrits, elle a cessé de se scarifier. Cette coïncidence de l'arrêt des scarifications et l'apport de ses textes se trouve à l'origine de notre hypothèse : dans le transfert, les symptômes de cette patiente sont passés d'une forme d'écriture à une autre, tout en changeant de support. Des apports théoriques et concrets de l'anthropologie et de la psychanalyse peuvent nous éclairer sur cette question. L'histoire et la linguistique nous ont aidée à appréhender la valeur symbolique cachée derrière l'acte d'écrire faisant appel à des supports inattendus. Dans les sociétés traditionnelles, les individus se font inscrire des marques sur le corps, lors d'un rite initiatique, pour déclarer leur identité ou préciser leur place sociale. Dans notre société, comment alors déchiffrer ces marques corporelles faisant, dans ce contexte, fonction de symptôme ? Le travail analytique offre au sujet la possibilité de détacher son marquage du corps pour produire une élaboration symbolique. L'écriture cerne et rend signifiant ce travail d'élaboration et permet d'envisager une issue thérapeutique à ces pratiques.

Scarifications and tattoos are m sharp increase in France today, Studies have shown how important for the subject is the irreversible status of these marks on the body. Unable to put words on his psychological suffering, the symptom enables the subject to reassure himself as to the limits of his own body, his ability to experience pain and witness the flow of his own blood. The act translates a deficit in the protective shield function and in the ability to verbalize. We elaborated our research on the psychoanalytic work with an adolescent girl who practiced scarification. As soon as the patient spontaneously started writing to us, she stopped scarifying herself. The coincidence between these two facts is at the origin of our hypothesis : through transference her symptoms switch from one form of writing to another, from body to paper. The practical and theoretical contributions of anthropology and psychoanalysis can shed light on this question. History and linguistics helped us to understand the symbolic value of writing on unexpected materials. In traditional societies, body marks are imposed upon citizens during ritual acts, to indicate their identity or their social position. In our society, how can we decipher these body marks which function as symptoms in this context. The psychoanalytic setting enables the subject to work from body marks to psychological elaboration. Thus a therapeutic outcome could emerge from this written approach that gives full sense to elaboration.