L'expansion américaine au prisme de Cuba : esclavage, abolition et rivalités internationales, 1836-1860 : une histoire culturelle et diplomatique
Auteur / Autrice : | Rahma Jerad |
Direction : | Marie-Jeanne Rossignol |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue et cultures des sociétés anglophones |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
Dans les deux décennies qui mènent à la Guerre de Sécession, les sudistes esclavagistes voient en Cuba un modèle de société prospère où l'esclavage, loin d'être sur le déclin, continue d'être utilisé et répandu. Cuba, aux portes de l'Union, devient un modèle qui justifie le regain de l'esclavage nord-américain à leurs yeux. Mais plus largement, il apparaît que cet intérêt pour Cuba ne se limitait pas aux Sudistes ni aux deux décennies qui précédèrent l'éclatement de la Guerre de Sécession. En effet, il est certain que cette île des Antilles avait intéressé une grande partie de la classe politique américaine dès la naissance de l'Union, mais que les historiens se sont davantage intéressés à la période « antebellum » qui fut la plus active dans les tentatives menées par les Etats-Unis pour s'emparer de l'île. Ainsi, cette thèse tend à remonter un peu plus avant dans le temps, dans le but de démontrer les origines anciennes de l'intérêt américain pour celle que l'on nomme souvent alors la Perle des Antilles. De plus, il est question de replacer cet expansionnisme étasunien dans le contexte international de l'époque afin de montrer que cet intérêt était aussi bien mû par une idéologie nationale expansionniste que par un ensemble d'éléments, d'acteurs et d'événements internationaux, en particulier la question de l'esclavage, de la traite et de leur abolition par la Grande Bretagne. Il s'agira donc de faire la lumière sur des éléments souvent mis de côté par l'historiographie classique, et de donner une place plus importante au rôle des Cubains dans ce mouvement expansionniste, qui fut loin d'être un mouvement unilatéral, décrétés uniquement par le désir américain d'étendre le territoire de l'Union. En puisant à des sources américaines, cubaines et anglaises, à des récits de voyage aussi bien qu'à des écrits diplomatiques, on pourra toutefois voir aussi que ce désir d'annexion était un phénomène complexe, notamment en raison de l'ambiguïté des sentiments américains, et pour tout dire d'un racisme de plus en plus marqué, vis-à-vis de leurs voisins hispaniques. Sur le plan méthodologique, la thèse emprunte donc au renouveau de l'histoire des relations internationales aux Etats-Unis, qui prône l'utilisation de sources variées, multinationales, et pas seulement diplomatiques, dans le traitement des questions d'histoire internationale. Plus généralement, elle entre dans la problématique d'une étude atlantique de l'esclavage, une problématique qui, depuis le début des années 1990, a relancé les travaux sur l'esclavage en Amérique et qui, de fait, a permis de décloisonner l'étude de l'esclavage nord-américain. Dans une démarche pragmatique, elle s'apparente également à un intérêt pour une analyse plus nuancée et plus critique des écrits de tous les acteurs qui ont réfléchi à l'esclavage, abolitionnistes ou esclavagistes, loin des dichotomies habituelles.