Analyse et représentation du mouvement du membre supérieur de l'homme
Auteur / Autrice : | Thomas Hoellinger |
Direction : | Agnès Roby-Brami |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 6 |
Mots clés
Résumé
L’homme tente depuis l’antiquité de reproduire ses propres mouvements comme en témoignent de multiples expressions artistiques. La reconnaissance de l’action a donné lieu à de nombreux travaux récents depuis l’observation de neurones miroirs chez le singe et chez l’homme ce qui suggère une résonance automatique de l’action d’autrui dans le système nerveux central de l’observateur. Mais ces mécanismes demeurent discutés et très peu d’études se sont attachées à définir quelles sont les caractéristiques particulières du mouvement qui sont importantes pour la reconnaissance de l��action. Ce travail de thèse repose sur l’analyse des caractéristiques cinématiques du mouvement humain d’une part pour définir les variables importantes pour l’exécution de l’action et d’autre part pour les comparer aux variables impliquées dans l’observation et la reconnaissance de l’action par un tiers. Dans une partie méthodologique nous avons contribué à développer une méthode de reconstruction tridimensionnelle à partir d’enregistrements électromagnétiques effectués avec un nombre restreints de capteurs. Cette méthode permet l’étude du déplacement 3D de la main et de la configuration articulaire du membre supérieur et l’affichage de façon simplifiée sous forme de points ou de diagrammes en bâtons. D’un point de vue expérimental, nous avons choisi comme action prototype la préhension et nous nous sommes basés sur un protocole où les sujets devaient atteindre et transporter des objets cylindriques, visuellement identiques mais de différents poids, vers une cible placée en hauteur (étagère). Dans une première expérience nous avons étudié les caractéristiques cinématiques du point de travail (main et objet) pendant l’action. Nous avons observé que dans une condition où le poids de l’objet pouvait être anticipé, la plupart des variables cinématique étudiées étaient invariantes par rapport au poids. Cette propriété n’est toutefois pas conservée lorsque les poids sont présentés au hasard et où donc les effets d’anticipation sont inexistants. Lorsque le poids est plus élevé, la durée de la saisie augmente et l’accélération du mouvement de soulèvement diminue. Cette expérience a également été menée avec une personne présentant une déafférentation ce qui a montré l’importance des informations proprioceptives dans la régulation de la cinématique de l’action. L’effet du poids sur le mouvement a été modélisé dans différentes conditions d’anticipation et de retour proprioceptif pour mieux comprendre l’origine des variations observées. Dans une deuxième expérience nous avons analysé les mécanismes permettant le jugement perceptif de différents poids chez des observateurs lorsqu’ils visualisent des actions de préhension (un enregistrement de leurs propres mouvements ou ceux d’autrui). Dans les deux conditions visuelles (affichage du point de travail ou du diagramme en bâtons), nous avons observé que la réponse des participants était corrélée au poids réel, ce qui montre une bonne capacité de reconnaissance des actions. L’accélération durant le soulèvement (dès le décollement de l’objet jusqu’au pic de vitesse) était l’indice le plus corrélé à la réponse des sujets. En d’autres termes plus l’accélération était importante plus le poids parait léger. L’analyse de la variabilité des réponses a montré que les observateurs n’utilisaient pas les autres variables qui varient de façon régulière avec le poids, ou se fiaient de façon erronée à la hauteur maximum du mouvement. Ce qui suggère que la réponse n’est pas uniquement due à une résonance en miroir. L’accélération du mouvement apparaît donc comme une variable caractéristique du poids de l’objet pendant l’action, même lorsque l’anticipation de poids est possible. De plus elle est particulièrement importante pour effectuer un jugement perceptif des caractéristiques intrinsèques de l’objet. Au total, ces résultats montrent l’intérêt de l’analyse cinématique couplée à la modélisation pour mieux comprendre les mécanismes du contrôle moteur humain et de la reconnaissance de l’action La méthodologie développée (capteurs électromagnétiques et modèle cinématique) devrait permettre ultérieurement d’enrichir l’affichage graphique (par exemple par un avatar) pour varier les conditions expérimentales pour la reconnaissance de l’action (étudier l’effet du point de vue par exemple). Les perspectives semblent nombreuses dans le domaine de la rééducation et dans le domaine des systèmes de réalité virtuelle ou augmentée dans un but ludique ou éducatif.