L'enfer d'Érasme : l'humaniste chrétien face à l’histoire
Auteur / Autrice : | Marie Barral-Baron Daussy |
Direction : | Denis Crouzet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Résumé
La relation d'Érasme à l'histoire est dramatique. Enthousiaste à l'idée de faire revivre les temps apostoliques, temps bénis du christianisme, l'humaniste en oublie les réalités de la continuité historique. Sa ''folie'' de restaurer les textes sacrés dans leur splendeur originelle le conduit à ignorer le Moyen Âge et donc à affaiblir la Tradition ecclésiastique qui garantit la solidité de l'édifice chrétien. La brusque irruption de Luther, qui brise soudainement son rêve d'un nouvel âge d'or, lui permet de prendre très progressivement conscience de l'erreur tragique qu'il a commise. Bien involontairement, il a favorisé la rupture d'une unité chrétienne à laquelle il tient plus que tout, anéantissant ainsi lui-même ses propres espérances. La prise de conscience de son aveuglement, aussi violente que douloureuse, le conduit à infléchir de manière décisive son rapport à l’histoire. Il s'aperçoit qu’il ne vit pas hors ou à côté de son temps, mais qu'il s'y trouve profondément immergé. Il s'engage dès lors dans une entreprise de réparation du mal qu'il a causé, mais il a réagi trop tard. Cette incapacité à appréhender les impératifs d’une histoire qu’il a trop longtemps ignorée s'enracine dans sa conception du temps. Persuadé de l'existence parallèle d’un temps humain et d’un temps de Dieu, il persiste pendant longtemps à vivre et à inscrire son action uniquement dans celui-ci. Lorsqu'il comprend sa méprise, il révise son appréhension du temps, mais cette course contre la montre est perdue d'avance. Érasme sombre alors dans l'Enfer de son propre échec, terrifié à l'idée d'avoir été abandonné par Dieu et confronté à la cruauté de l’histoire.