Thèse soutenue

''Voyage au bout de la nuit'' de L. -F. Céline : traduction et réception en Russie

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Auteur / Autrice : Olga Chtcherbakova
Direction : Michel Aucouturier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures slaves
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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Toute traduction est datée : elle reflète son époque et nous renseigne sur le profil des lecteurs pour lesquels elle est réalisée. Le système de codes esthétiques dans lequel apparaît l’œuvre change, la réputation de l’auteur est faite, le contexte politique n’est plus le même : une retraduction s’impose. Le destin réservé au premier roman de Louis-Ferdinand Céline en Union soviétique est révélateur à cet égard. En 60 ans, trois traductions russes de Voyage au bout de la nuit virent le jour : la première fut réalisée par Elsa Triolet (1934), la deuxième est signée Jurij Korneev (1994) et la plus récente est le fruit d’une collaboration entre Alexandra Junko et Jurij Gladilin (1995). Parmi ces trois versions russes du Voyage, nous avons accordé une importance particulière à la traduction d’Elsa Triolet, contemporaine et compatriote de Céline. C’est grâce à elle que le Voyage a pu paraître juste à temps : en 1936, après la sortie de Mea culpa, sa publication en Russie n’aurait plus été possible. Remue-ménage du prix Goncourt et ironie des chroniqueurs avaient constitué l’arrière-plan de la sortie tapageuse du Voyage. Sa réception risquait d’être aussi tumultueuse en U. R. S. S. Mais les conditions étaient très différentes et, dans un pays dominé par l’idéologie, il n’y avait pour la traduction de Triolet qu’une seule issue possible : tenter de s’inscrire dans la production littéraire de ce nouveau monde soviétique. Korneev, Junko et Gladilin ignorent ce contexte de pesanteur. Venues trop tard pour le lecteur russe, leurs traductions n’avaient plus la même portée que le Voyage lors de sa parution 60 ans auparavant.