Apelle, saint Luc et le singe : trois figures du peintre dans l'Espagne des XVIème et XVIIème siècles [fonctions littéraires, théoriques et artistiques]
Auteur / Autrice : | Cécile Hue |
Direction : | Pierre Civil |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études hispaniques et latino-americaines |
Date : | Soutenance le 09/12/2009 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Europe latine et Amérique latine (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Les Cultures de l'Europe méditerranéenne occidentale (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Françoise Crémoux |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Civil, Françoise Crémoux, Christian Bouzy, Felipe Pereda, Marie-Dominique Popelard |
Mots clés
Résumé
Dans l’Espagne des XVIe et XVIIe siècles, le peintre est un personnage en construction. Souvent défini par l’idéologie qui le commande et les œuvres qui lui survivent, son geste semble perdu à jamais, ou figé sous la forme d’archétypes et d’allégories. L’autoportrait, genre naissant, témoigne de cette main, mais il reste loin de toute objectivité : « Le peintre, peintre de lui-même, dans la dépendance de ce que l’histoire charrie et porte, n’aurait-il été qu’un singe savant et dressé qui rabâche ? », se demande Pascal Bonafoux en conclusion de son étude sur Les peintres et l’autoportrait. Même dans le reflet direct que l’artiste offre de lui-même, les topiques s’immiscent : ils aident à son identification, au déchiffrage des chefs-d’œuvre et au balisage des chemins de la gloire. Cependant, ces figures ont une vie, et elles échappent parfois à l’évidence qu’on leur prête. À commencer par saint Luc, personnalité a priori idéale pour conduire les peintres vers la reconnaissance attendue dans l’élan contre-réformiste, mais qui doit compter avec Apelle, le maître grec dont l’excellence retentit depuis un sommet convoité. Ces légendes se diversifient et se ramifient dans le jeu métaphorique des mots, elles évoluent au gré de la revendication théorique et dévoilent leurs limites au moment de prendre corps. Leur fréquence, leur intensité et leurs croisements témoignent des voies empruntées afin de saisir le personnage du peintre, non pas sa psychologie, mais sa stature, libérale et noble. La focalisation sur la patte du peintre mythique, qui pousse dans l’ombre celle du singe imitateur, éclaire l’avancée de l’artiste dans le Siècle d’Or de la peinture espagnole.