Thèse soutenue

L'art in vitro, une critique incertaine de la production biotechnologique
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Auteur / Autrice : Catherine Voison
Direction : Pierre-Damien Huyghe
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts et sciences de l'art. Esthétique
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Paris 1
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Marc Jimenez, Christian Jacquemin, Jean-Michel Besnier, Jens Hauser

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les productions « artistiques» qui intègrent des manipulations effectuées en laboratoire sur le vivant, mettent en question la dimension esthétique des pratiques biotechnologiques et la portée critique de leur présence hors du champ de la science. Tels des ready-made biologiques se jouant de toute expérience sensible liée à la puissance première de parution de la vie, les artefacts issus des laboratoires apparaissent comme une mise en tension de l'exploitation de leur mode d'existence technique. La différence entre I'objet d'« art» et I'objet de laboratoire s'inscrit au titre d'une nécessaire transcendance de la logique de reprogrammation des mécanismes biologiques et se traduit par une mythification des biofacts et un culte singulier des biotechnologies. Ce «jeu» sacré qui s'instaure entre le vivant et la technique ne suffit pas pour autant à faire « oeuvre» dans la mesure ou ce qui prend forme et fait sens est préalablement conditionné par un savoir-faire et des modes opératoires rigoureusement contrôlés. En revanche, sensibles aux mécanismes naturels d'auto-organisation du vivant et engages a préserver l'autonomie des formes qui en résultent, certains artistes proposent une mise en scène pathétique des ready-made biologiques. Les fragments de vie en germe, fabriques « sur mesure » pour répondre à I'utopie d'une vie meilleure au détriment d'une unité organique première et harmonieuse, stigmatisent la perte identitaire de I'individu et la reproductibilité technique des formes vivantes. La fragilité des altérités biologiques isolées de leur milieu originel, en proie à de savantes manipulations, pourrait permettre de donner des repères aptes a construire l'éthique des biotechnologies sur un plan pratique. Par sa conduite transgressive des nouvelles pratiques d'une science qui concurrence le potentiel génésique du vivant, I'art biotechnologique donne vie à des objets renaturés qui sont autant d'incarnations du pire et/ou du meilleur des mondes.