La solidarité morisque à l'épreuve du Saint-Office : les procès de Gil Pérez et d'Alonso Cornejo (Valence, 1580-1585)

The resistance of the Morisco solidarity to the Saint-Office : Lawsuits of Gil Pérez and Alonso Cornejo (Valence, 1580-1585)

• Auteur / Autrice : Imen Tabai
• Direction : Raphaël Carrasco
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Études occitanes, ibériques, latino-américaines et lusophones
• Date : Soutenance en 2009
• Etablissement(s) : Montpellier 3

Mots clés

Mots clés contrôlés

Valence (Royaume ; 11..-13..)

Religion

Révoltes

Espions

Inquisition

16e siècle

Valence (Espagne)

Espagne

Morisques

Résumé

Après le soulèvement des morisques de l’ancien royaume de Grenade et de leur déportation en Castille (1568-1571) il ne restait dans la péninsule ibérique que deux régions où l’islam traditionnel avait pu se maintenir grâce à une forte densité de peuplement mudéjare et à une organisation communautaire intacte-les aljamas- : l’Aragon et surtout le royaume de Valence. C’est dans cette dernière région que les tentatives les plus sérieuses de sédition et de résistance aux pouvoirs chrétiens virent le jour, principalement après 1580. Il est malheureusement difficile d’en étudier la genèse, l’organisation et la portée, tant la légende s’est mêlée à la réalité, la propagande antimorisque ayant élaboré une véritable désinformation fondée sur la dénonciation de prétendues conspirations sécessionnistes ourdies par les morisques- vus comme une cinquième colonne- avec l’aide du pouvoir Ottoman. Afin de faire la part du mythe (soutenu par des peurs collectives) et de l’authentique dissidence morisque, nous avons eu recours aux archives de l’inquisition, acteur essentiel dans ce processus. L’affaire du soulèvement des années 1580-1585, ou affaire Pérez, du nom de son principal protagoniste, va de la sorte nous permettre d’étudier à la fois le divorce entre vieux et nouveaux chrétiens et les limites de la solidarité au sein des aljamas, dont les principaux acteurs étaient les élites des morisques, dans le cadre très concret du duché de Segorbe, pour lequel la documentation abonde. Dans le même temps, nous serons amenée à mettre en lumière le rôle, pour le moins troublant, joué par les agents du Saint-Office ainsi que par l’élite morisque tentée par l’intégration.

After the revolution of Moriscos of the old Grenade kingdom and their deportation in Castille (1568-1571) it remained in the Iberian Peninsula, only two areas where traditional Islam had been able to be maintained thanks to a strong density of settlement mudéjare and with an intact Community organization -the aljamas-: Aragon and especially the kingdom of Valence. It is in this last area that the most serious attempts of sedition and resistance to the Christian capacities were witnessed after 1580. It is unfortunately difficult to study its genesis, its organization and its dimensions, as the legend merged with reality and as the anti-morisco propaganda having provided misleading information based on the denunciation of the alleged secessionists’ conspiracies warped by the moriscos- viewed as a fifth column of the Spanish society, consolidated by the assistance of the Ottoman authority. To distinguish myth (supported by collective fears) from authentic Morisco dissidence, we had recourse to the inquisition archives, essential actor in this process. The revolution of the years 1580-1585, or the “Pérez” case, as its name suggests, will enable us as a matter of fact to study simultaneously the rupture between old and new Christians and the limitations of the solidarity within the aljamas, whose principal actors were the morisco élites, within the very framework of the duchy of Segorbe, for which documentation abounds. At the same time, we are led to shed the light on the role, at the very least disconcerting, played by the agents of the Holy Office like by the morisco élite tempted with integration.