Co-évolution des Nématodes parasites et de leurs hôtes Caméléons ? : exemple des Rhabdias pulmonaires (Rhabdiasidae)
Auteur / Autrice : | Nathaly Lhermitte-Vallarino |
Direction : | Odile Bain, Ivan Ineich |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Parasitologie, herpétologie |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris, Muséum national d'histoire naturelle |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....) |
Jury : | Président / Présidente : Marie-Claude Durette-Desset |
Examinateurs / Examinatrices : Odile Bain, Ivan Ineich, Yuryi Kuzmin, Maurizio Casiraghi | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jacques Cabaret, Jean Mariaux |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les Rhabdias (Rhabdiasidae) constituent un groupe parasitaire primitif de Nématodes (clade IV) caractérisé par la persistance d’une phase libre adulte hétérogonique qui produit des larves infectantes, toutes de sexe femelle. Chez l’hôte, ces larves atteignent les poumons et deviennent des adultes qui pondent des larves de stade 1, expulsées à l’extérieur par la voie digestive. Le spectre d’hôtes est limité aux Vertébrés terrestres à sang froid, Lissamphibia et quelques groupes d'Ophidia et Sauria (Squamata) ; l’aire de répartition comprend l’ensemble des régions tropicales et tempérées. L’étude est centrée sur les Rhabdias de Chamaeleonidae, avec les deux questions principales suivantes: 1. Quelle est l’ampleur de la diversité spécifique? 2. Le groupe monophylétique des Chamaeleonidae a-t-il une seule acquisition historique de Rhabdias, suivie d’une évolution uniquement au sein de cette famille? Matériel et méthodes. Les matériels proviennent de collectes de terrain, de saisies douanières et des collections du MNHN. Les régions géographiques concernées sont principalement des ''hotspots''de biodiversité: chaîne volcanique du Cameroun (Projet Biodiversité: Iles Forestières Africaines; ANR), Burundi, Tanzanie et Madagascar ; des matériels du Sénégal et du Togo sont aussi examinés. Les analyses ont été morphologiques, biologiques (coprocultures pour obtenir la phase libre du cycle ; examen du contenu des ovaires et oviductes des femelles parasites) et moléculaires (séquençage des gènes coxI, 12S ADNr et 28S ADNr). Les données acquises et leurs analyses. 1. En 2004, pour plus de 150 espèces de Chamaeleonidae, deux espèces de Rhabdias étaient décrites, respectivement en 1916 et 1961 : R. Chamaeleonis en Afrique de l’Est et R. Gemellipara à Madagascar. Actuellement, douze espèces supplémentaires ont été décrites, cinq en Afrique de l’Est, trois au Cameroun, et cinq à Madagascar. Il est montré qu’une des espèces est parthénogénétique alors que chez les autres, une zone particulière des ovaires, située à 250-1200 μm de l’apex, produit des spermatozoïdes durant tout le stade adulte mais de façon intermittente et non synchrone pour les deux ovaires. Les hôtes sont les Caméléons du genre Trioceros et les Caméléons nains des genres Rhampholeon et Rieppeleon, en Afrique équatoriale, les Calumma et le genre primitif Brookesia à Madagascar. Aucun Rhabdias n'est à présent connu chez Chamaeleo spp. , qui vit dans des régions moins humides, peu favorable à la survie des larves infectantes. Les caractères morphologiques diagnostics se révèlent nombreux, papilles sensorielles de la tête, bouche, capsule buccale (sa taille varie à peine durant la croissance de l’adulte), oesophage, vésicule cuticulaire du corps, etc. Les analyses moléculaires, réalisées sur quatre espèces africaines et une malgache, confirment les identifications morphologiques. On constate ainsi que (i) le même Rhabdias peut être hébergé par deux espèces sympatriques de Caméléons; (ii) une espèce de Caméléon peut être parasitée par deux espèces congénères de Rhabdias; (iii) quatre espèces semblent être vicariantes deux à deux entre le Burundi et le Cameroun et deux perforent les poumons; (iv) un cas d’espèce cryptique est discuté. 2. Une clé d’identification des Rhabdias de Chamaeleonidae est établie. 3. Aux deux espèces parasites d’Anoures qui étaient connues en région éthiopienne, trois parasites de Bufonidae et Arthroleptidae sont ajoutés pour l’Afrique, et un de Mantellidae pour Madagascar. Ces espèces se distinguent des parasites des Chamaeleonidae par les petits diamètres de leur bouche et de la capsule buccale et, en outre, par la larve infectante: extrémité caudale pointue et simple (état plésiomorphe) ou arrondie et avec petites perles chez les Chamaeleonidae (état dérivé). 4. Une analyse cladistique est faite avec 15 espèces de Rhabdias d’Ophidiens, Anoures et Chamaeleonidae et trois autres Rhabdiasidae, Pneumonema, Chabirenia et Entomelas, un Strongyloides étant l’extra-groupe; les Rhabdias de Chamaeleonidae sont groupés. Les analyses moléculaires donnent des résultats plus complexes, avec une ou deux espèces parasites de Chamaeleonidae placées parmi des parasites d’Anoures