Thèse soutenue

Albert Cohen : la « Geste des Juifs », des origines trouées aux déchirements messianiques

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Auteur / Autrice : Maxime Decout
Direction : Jean-Pierre Martin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres et arts
Date : Soutenance le 04/12/2009
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Passages XX-XXI
Jury : Président / Présidente : Alain Schaffner
Examinateurs / Examinatrices : Éric Marty, Dominique Carlat, Philippe Zard

Résumé

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Toute l’œuvre d’Albert Cohen se centre autour de la mise en scène de fictions identitaires de la judéité. Le romancier avait pour projet d’écrire une vaste « geste des Juifs » à travers les aventures de Solal. Mais ce dessein, affiché délibérément pour les romans, semble en réalité dépasser leur cadre et proposer une immense fresque, autobiographique, romanesque, poétique comme théâtrale, où les aventures de la judéité s’exhibent comme l’actant principal et le ferment majeur d’une esthétique originale. La judéité se vit à la fois en tant qu’expérience singulière et en tant qu’aventure collective. Elle est ainsi un puissant moteur romanesque fondant une mythologie qui lui reste propre. Construite à l’aune d’une filiation homérique, la geste de la judéité propose, plus qu’une épopée à la manière des gestes traditionnelles, une traversée de l’existence juive au sein du monde occidental. Cette judéité, d’autant plus problématique qu’elle est sans cesse déniée et réaffirmée par une réquisition absolue de tout l’être juif, qu’elle se dit dans un rapport ambigu devant des origines inappropriables car lacunaires, représente une véritable dynamique de l’écriture tout autant que l’expression incertaine et contradictoire d’une pensée éthique et existentielle. Et la raison principale de ce mouvement puise dans la volonté de faire advenir un devenir-humain, par le biais de la Loi juive, qui modifiera le monde. Aussi, le Messie, figure obsédante et fascinante, hante l’imaginaire de Cohen, s’infiltrant partout, travaillant en sourdine le personnage de Solal et imposant sa facture singulière à l’être juif dans l’œuvre du romancier. Le messianisme chez Cohen est toujours pluriel et polymorphe. Il informe essentiellement des fictions de la judéité : la littérature se chargera de les décliner.