Thèse soutenue

L’image de l’Orient chez quelques écrivains français (Lamartine, Nerval, Barrès, Benoit) : naissance, évolution et déclin d'un mythe orientaliste de l'ère coloniale

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Auteur / Autrice : Mouna Alsaid
Direction : Jean-Pierre Martin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance le 13/11/2009
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Passages XX-XXI
Jury : Président / Présidente : Michel Collomb
Examinateurs / Examinatrices : Jérôme Roger, Bruno Gelas

Mots clés

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Mots clés libres

Résumé

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Notre étude porte sur le concept de l’image de l’autre. C’est cette problématique de l’autre, étranger, extérieur, lointain, représenté par l’homme oriental dans son espace naturel, que nous allons tenter d’analyser sous différent angles et à travers les œuvres de Lamartine, Nerval, Maurice Barrès et Pierre Benoit. Les œuvres que nous avons à étudier se détachent comme des fragments d’une longue histoire, celle qui a liée les deux parties du globe, qu’il est convenu d’appeler Orient et Occident ; ce sont des pièces d’un vaste puzzle. Chacun des écrivains dont nous étudierons le récit de voyage ou le roman oriental, parcourt l’Orient et le Levant quoique à des années à distance. Dans le cadre de notre recherche, nous avons choisi de délimiter un corpus d’étude plus restreint en combinant deux traits distinctifs: l’époque : c’est la période romantisme à la première moitié du XIXe siècle, et la période colonialiste à la première moitié du XXe siècle. Le lieu du voyage: c’est l’Orient et en particulier le Moyen Orient. A la croisée de ces critères se sont trouvées réunies quatre œuvres qui composent notre champ d’étude définitif : - Lamartine, Alphonse de, Souvenir, Impressions, Pensées et Paysages pendant un Voyage en Orient ou Notes d’un voyageur, 1835, Œuvres complètes, Tome VI, VII, VIII, Paris, Charles Gosselin, Furne et Cie éditeurs, 1861. - Nerval, Gérard de, Voyage en Orient, 1855.- Barrès, Maurice : • Une Enquête aux pays du Levant, Paris, Plon, 1923, 2 vol.• Un Jardin sur l’Oronte, Paris, Plon, 1922, 160 p.- Benoit, Pierre, La châtelaine du Liban, Paris, Albin Michel, 1924. Dès lors pourquoi ce choix ? Une idée essentielle est à la base de cette sélection: pendant tout le dix neuvième siècle, l’Orient, en particulier le Moyen Orient, a été un des buts de voyage et un des thèmes littéraires favoris des européennes. Chaque écrivain crée en somme l’Orient de ses propres connaissances et de ses rêves. Nous verrons que les romantiques ont à l’égard de l’Orient deux attitudes, l’une de méditations et l’autre de recherche du pittoresque. Mais le romantisme prend fin à la fin du XIXe siècle, progressivement et avec le déclin du romantisme, la quête orientale perd de son ardeur. En même temps, le mot Orient et le mythe qui s’y rattachent s’évanouissent. De ce fait, l’Orient va devenir le terrain de la conquête et de la concurrence coloniale. Au seuil de cette étude, il nous a paru nécessaire de jeter un coup d’œil sur l’état des connaissances orientales acquises pendant les siècles précédents par suite de l’activité des diplomates, des missionnaires, un rappel diachronique aura soin de fixer les visages de l’Orient au cours des siècles. Cette mise au point commence par une perspective générale sur les relations Orient/Occident à travers l’Histoire pour se poursuivre avec une présentation des écrivains choisis et de leurs voyages insérée dans l’Histoire plus particulières des pays qu’ils parcourent. La deuxième partie, consacrée à Lamartine et à Nerval, met en évidence le rôle charnière que jouent ceux-ci dans l’évolution des récits de voyage en Orient, au XIX siècle. Ce mouvement d’ouverture se manifeste de manière exemplaire chez Lamartine. L’auteur de Voyage en Orient 1835, quant à lui, fait tous ses efforts pour établir des passerelles entre les différentes cultures, en effet Lamartine ne manque pas une occasion de mettre en parallèle l’Orient et l’Occident. Il lui appartient de mettre en scène une rencontre harmonieuse entre deux mondes conçus comme différents mais complémentaires. Son Voyage en Orient amorce un mouvement vers l’autre que prolongera le Voyage en Orient de Nerval, où le voyageur apparaît aussi comme un être cherchant à se dépouiller de ses habits européens pour se mouvoir librement dans la société orientale. Dans la troisième partie, nous verrons que cette représentation essentiellement euphorique de l'Orient romantique s'oppose la vision du XXe siècle qui met en évidence L’Orient non romantisme et l’exotisme colonial dès le lendemain de la Première Guerre mondiale. L’Orient des années 20 est la référence commune qui assure l’homogénéité de cette partie. Cette période d’expansion coloniale, qui a marqué l’histoire Orient/Occident, est analysée à travers certaines ouvres de Pierre Benoit et Maurice Barrès. On va voir de quelle manière chacun d’eux « Barrès et Benoit » traduit-il son époque dans la compréhension de l’autre? En quoi, surtout, leurs pensées respectives sont-elles fondatrices d’un nouveau regard sur l’Orient? En fin du compte, le dessin oriental de XIXe siècle diffère donc profondément de celui de XXe siècle, aussi bien dans le but que dans le moyen. Cette rapide esquisse de ma démarche et de ses étapes successives donne une première idée de l’esprit qui anime ce travail, et qui fait son intérêt.