''My single self'' : paradoxes du singulier dans All's well that ends well, Hamlet, Julius Caesar, Measure for Measure et Troilus and Cressida de William Shakespeare
Auteur / Autrice : | Laurence Crohem |
Direction : | Jean-Claude Dupas |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature anglaise |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Lille 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'études en civilisations, langues et littératures étrangères (Villeneuve-d'Ascq, Nord) |
Jury : | Président / Présidente : Michel Crubellier |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Claude Dupas | |
Rapporteur / Rapporteuse : Line Cottegnies, Marie-Dominique Garnier |
Résumé
Chacun est-il unique ? Cinq pièces de Shakespeare parfois appelées problem plays - All's well that Ends Well, Hamlet, Julius Caesar, Measure for Measure et Troilus and Cressida - problématisent le singulier ou l'unicité de soi, un aspect de la question du sujet à l'ère pré-moderne. L'unicité est en crise dans ces pièces : l'analyse des substitutions dans l'action, l'amour et la mort montre l'absence et le surgissement des doubles au lieu des preuves d'unicité attendues. Celle des scènes de perception du singulier et d'énonciation de soi dans les dialogues ou monologues montre la confusion identitaire : le soi unique vacille et s'efface devant les doubles. La crise de l'unicité est aussi une crise du rapport à l'espace social et intérieur et à la temporalité. Les sujets se diluent dans la communauté et peinent à tracer des frontières entre eux-mêmes et les autres. Les plis censés révéler un espace intime découvrent un lieu paradoxal. Les effets de perspective déplacent le personnage qui regarde et qui n'a pas de lieu propre alors que le retour du politique restaure la fixité des places. Les sujets désirent s'inscrire dans une linéarité temporelle qui est déconstruite par les répétitions. Ils n'élaborent pas une histoire linéaire propre mais s'énoncent comme traces de ce qui n'a pas eu lieu et inventent un présent impossible. Il n'y a pas de temps pour soi : Hamlet, jouet d'une action sans agent et d'une durée qui le dépasse, vit et meurt la vie et la mort des autres dans le temps des autres. La dramaturgie de l'espace et du temps dans les problem plays s'avère liée aux paradoxes du singulier qui interrogent la relation entre soi-même et l'autre et à l'autre en soi-même.