Des combattants entre deux guerres : sociologie politique du métier des armes au Tchad
Auteur / Autrice : | Marielle Debos |
Direction : | Guillaume Devin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique. Relations internationales |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Mots clés
Résumé
Comment les armes deviennent-elles une forme ordinaire de la contestation et un mode de vie ? Fondée sur une enquête de terrain de dix mois au Tchad, la présente thèse a pour objectif de comprendre pourquoi et comment les armes sont devenues un métier, exercé alternativement ou simultanément dans les forces régulières, les mouvements rebelles et le banditisme de grand chemin. Nous problématisons comme un métier l’activité exercée par les individus qui vivent des armes et qui ont appris et développé des savoirs et savoir-faire ainsi que des registres de justification spécifiques, qui ont trait à la guerre et aux pratiques violentes d’extorsion. La démarche que nous proposons consiste à resituer les conflits dans une temporalité plus large pour étudier ce qui se joue hors des temps et des espaces de guerre. Nous montrons tout d’abord que si ce métier a été réinventé au fil des décennies sans jamais disparaître, c’est qu’il n’est pas uniquement lié à la guerre, mais aussi à une économie politique et à un mode de gouvernement marqués par la violence. Il apparaît ensuite que ce métier est régi par des règles et structuré par des frontières : la fongibilité des statuts de militaire, combattant et bandit de grand chemin n’empêche pas l’existence de puissantes hiérarchies sociales et politiques. Enfin, notre recherche nous amène à considérer les modes de gouvernement à l’œuvre au sein d’une armée paradoxalement non disciplinaire et d’un État façonné par une trajectoire historique violente. La sociologie politique du métier des armes souligne l’importance des éléments non directement articulés à la guerre pour analyser les conflits et les sorties de crise.