Auteur / Autrice : | Yama Torabi |
Direction : | Bertrand Badie |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique. Relations internationales |
Date : | Soutenance en 2009 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Résumé
De nos jours, state-, nation- et peace-building sont des entreprises menées de l’extérieur par des intervenants internationaux ou régionaux. De Hobbes à Weber, la science politique qui a envisagé l’Etat, le contrat social et la paix comme des processus essentiellement endogènes, conclut à un succès limité de telles entreprises. Pourtant, une intervention ne peut se produire sans intervenant extérieur, ni acteur local visé par elle. L’échange entre les deux types d’acteur est inévitablement au fondement de l’entreprise. Mieux encore, l’utilité politique de l’échange permet de constituer et de mobiliser des identités multiples comme celles de belligérants d’hier, de bâtisseurs de paix libérale d’aujourd’hui, d’alliés de la guerre contre le terrorisme, d’alliés géostratégiques d’Etats de la région, de représentants de communautés ethniques, de bâtisseurs d’Etat etc. En faisant appel au consentement local, l’approche d’ « empreinte légère » de l’intervenant de Brahimi en Afghanistan contribue ainsi à l’effervescence d’identités multiples de l’acteur local, mais n’en constitue pas l’unique moteur. D’autres intervenants et d’autres répertoires d’intervention ont mobilisé de telles contributions locales. Si les possibilités d’échange entre intervenants et acteurs locaux sont multiples, les affinités et la sélectivité des rapports qui s’opèrent ainsi ne vont pas forcément vers le renforcement du contrat social, la consolidation de l’Etat ou l’établissement d’une paix durable. Au contraire, elles introduisent des logiques de communautarisation, de distorsion du contrat social, de clientélisme politique et transformation de la guerre dont l’issue échappe aux processus internes.