Thèse soutenue

L' image à Byzance : une nouvelle lecture des textes anciens

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Auteur / Autrice : Maria Zoubouli
Direction : François Hartog
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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A Byzance eikon désigne indistinctement toute forme de représentation et son usage, relève de multiples régimes, conceptuels aussi bien que pratiques. Nous partons des premiers discours apologétiques issus de la crise iconoclaste pour chercher en aval, dans la littérature antérieure, la théorie byzantine de l'image, entendant par là un système conséquent de pensée qui rend compte de la justification, la constitution et la perception de la représentation plastique, ainsi que des types de discours qu'elle génère. Cette théorie est « ambiantale », formulée à travers des spéculations relevant de contextes multiples, de la dogmatique jusqu'à l'hagiographie; leur juxtaposition donne à voir ce qu'est l'art plastique pour les Byzantins, à travers leurs interprétations du processus qui transforme un objet matériel en image d'art et leurs réactions vis-à-vis de ce dernier. Tenant compte de l'héritage conceptuel antique aussi bien que des usages contemporains, procédant par ajustements, voire même par contradictions, les agents de cette théorie instaurent une appréhension originale de l'image. Leurs positionnements, quoique fragmentaires, révèlent une ampleur de thèmes, étayée par les principes chrétiens fonciers: unI cosmologie résultant de l'agnosie de Dieu et de la scission vétricale du cosmos entre créé et incréé, ainsi que le concept existenciel de l’hypostase. L'homologation de la forme est absente et l'accent est mis sur la gestion du contenu, compris comme une mutation de la mimésis : l'image plastique n'est pas un dédoublement apparent, mais participe effectivement à l'étant du représenté. Elle permet alors de passer de la théoria à la praxis et servir la volonté des Byzantins de faire de la connaissance (visuelle ou autre) une expérience. Ce qui confirme la thèse de Belting sur la promotion de l'image-présence vis-à-vis de l'image-esthétique, à tous les niveaux, ontologique, formel, psychologique ou fonctionnel. Ce constat ne signifie pas pour autant une absence d'esthétique; celle-ci se fonde désormais sur des propriétés autres que la forme, qui ne sont point esthétiques au départ, mais qui finissent par le devenir.