Thèse soutenue

Pratiques professionnelles du journalisme et représentations des victimes

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Auteur / Autrice : Fatma Ben Saad-Dusseaut
Direction : André Vitalis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'Information de la Communication
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Bordeaux 3

Résumé

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Les représentations des victimes dans les médias ont été analysées dans le cadre des recherches plus générales sur les réactions sociales au crime, mais plus rarement dans les mécanismes intrinsèques de la relation médias-victimes ; une interaction qui, croyons-nous, possède sa propre dynamique. Notre réflexion théorique a pris appui sur une approche qui aborde l’exercice journalistique comme production matérielle et symbolique basée sur des interactions et des normes sociales. Les logiques sociales déterminent le fonctionnement des pratiques journalistiques à travers les différentes formes d’interactions et de dépendances entre les journalistes et la société à laquelle ils appartiennent. Celles-ci engendrent des représentations qui résultent des interprétations élaborées par les journalistes de l’environnement social. L’espace médiatique qui paraît accessible aux victimes, ne l’est, en réalité, que pour un certain type de victimes. On assiste, à l’évidence, à une exploitation médiatique ciblée de la souffrance des victimes et des représentations qu’elles incarnent. De surcroît, l’attention outrancière portée aux victimes contribue à provoquer un formatage discursif où plusieurs médias imposent leurs propres grilles spécifiques à la lecture de la « réalité » qui n’est autre que leur façon de traiter les sujets de leur préoccupation. Cette exploitation médiatique de la souffrance connaît à son tour une seconde exploitation politique. À partir de là, il est n’est plus surprenant de confondre « vraies » et « fausses » victimes du moment où la validation médiatique de la souffrance, récupérée par un « acharnement politique », semble prendre le dessus sur la caution judiciaire et/ou médicale. Il nous reste à espérer que les « dérapages médiatiques » dus au traitement conformiste et compassionnel envers ces victimes, accentués par des intérêts marchands et politiques évidents, permettront une remise en cause des pratiques journalistiques. Un retour vers des règles déontologiques, dont médias et journalistes assureront l’application et le respect, semble inévitable.