Thèse soutenue

La société de méconnaissance : de la différance du lien social

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Auteur / Autrice : Stéphane Vinolo
Direction : Charles Ramond
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2009
Etablissement(s) : Bordeaux 3

Mots clés

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Résumé

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En abandonnant toute référence à une extériorité stabilisatrice, la philosophie moderne fait reposer le lien social sur un principe d’auto-organisation des groupes humains. Telle est à la fois la mécanique du contrat social, de la foule et du marché. Le problème est donc : comment faire naître le collectif par la mise en transcendance d’une entité qui pourtant n’émane que de la seule rencontre entre les individus ? Nous répondons à cette question par l’auto-transcendance. Toutefois, l’auto-organisation sociale suppose que les individus intégrant le collectif ne sachent pas que celui-ci est auto-organisé. L’auto-organisation doit donc s’accompagner d’une représentation allo-organisée du collectif. Chacun doit faire comme s’il ne savait pas que le point mis en extériorité émane du groupe. La condition cognitive de l’auto-organisation n’est donc pas celle de l’ignorance mais celle de la méconnaissance. En distinguant entre ce que les individus font et ce qu’ils se représentent, nous posons une articulation nécessaire entre les deux niveaux, qui nous permet de poser la nécessité d’un lien cognitif entre des concepts que la philosophie a pensé comme étant non-compossibles, à savoir la mécanique et l’intentionnalité, la qualité et la quantité, l’éthologie comportementale et la psychologie des profondeurs, l’intérêt individuel et le mimétisme. Toute notre déconstruction du lien social repose donc sur l’affirmation d’une désocialisation cognitive socialisante. C’est par une prise de distance que nous entrons dans le groupe, et donc in fine par un phénomène de méconnaissance que peut se mettre en place la reconnaissance nécessaire à la stabilité du collectif.