Thèse soutenue

Enseigner en prison : entre contraintes, incertitudes et expertises

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Auteur / Autrice : Michel Febrer
Direction : Éric Debarbieux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 12/12/2009
Etablissement(s) : Bordeaux 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales : société, santé, décision (Bordeaux ; 1999-2011)
Jury : Président / Présidente : Jean-Claude Sallaberry
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Bodin
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Bataille, Pierre-Victor Tournier

Résumé

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La question centrale posée est la suivante:"Qu'est-ce qu'enseigner en prison?" Dans une situation avérée de surpopulation carcérale, de législation pénale en constant mouvement, les enseignants présents dans toutes les prisons, remplissent leurs missions dans un contexte ni conçu ni pensé pour eux donc peu propice aux actions éducatives. Aussi, pour tenter de définir ce que représente l'enseignement en prison, nous avons essayé de répondre aux questions suivantes: Existe-t-il une spécificité pénitentiaire en matière d'enseignement? l'accès à l'enseignement relève-t-il du privilège, Ne peut-on pas envisager un enseignement à plusieurs vitesses? Peut-on parler de l'enseignement en prison commeun possible laboratoire pour la pédagogie? Pour répondre à ces questions, nous nous appuierons sur une approche multi-référentielle (historique, sociologique, ethnographique, et pédagogique) en utilisant l'observation participante comme méthode privilégiée. cette démarche sera complétée par l'utilisation d'entretiens réalisés auprès d'enseignants de prison, nécessaire à la prise de recul par rapport au terrain d'observation. Les résultats obtenus montrent qu'il n'y a pas un mais trois types d'enseignement. Si leur accès ne semble pas relever du privilège, c'est pour partie dû à l'offre, diversifiée mais risquée, de formation proposée par les enseignants. Ceux-ci jouent des rôles qu'ils ne maîtrisent pas forcément et qui fragilisent en même temps qu'ils renforcent leur position dans l'établissement. L'ensemble de ces éléments, associé à la conjonction de contraintes et d'incertitudes fortes et permanentes, d'une rotation d'entrées et de sorties incessantes, d'instabilité des groupes, de cohabitation de micro-dispositifs avec des dispositifs permanents de formation, de situations d'urgences,de détenus aux disponibilités mentales inégales et aux motivations les plus variées mais en forte demande, fondent la spécificité de l'enseignement en prison. Au regard des éléments mis en évidence, notre travail révèle cinq domaines de vigilance à observer: l'usure des responsables locaux de l'enseignement qui deviennent plus administratifs et moins enseignants; le "saupoudrage pédagogique" dû à une importante demande de scolarisation; la gestion privée des établissements comme frein éventuel aux possibilité d'apprentissage; l'accroissement des "rôles périphériques" des enseignants liés à une possible déshumanisation des sites; la "pénitentiarisation " de l'enseignement due notamment à l'évolution de l'arsenal législatif.