Cécité didactique et discours noosphériens dans les pratiques d'enseignement en SEGPA : une contribution à la question des inégalités
Auteur / Autrice : | Christophe Roiné |
Direction : | Bernard Sarrazy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
Date : | Soutenance le 18/11/2009 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales : société, santé, décision (Bordeaux ; 1999-2011) |
Jury : | Président / Présidente : Alain Marchive |
Examinateurs / Examinatrices : Jean Houssaye | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacinthe Giroux, Jean-François Marcel |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Depuis 50 ans, l’Ecole a profondément changé dans les discours et dans les pratiques des enseignants. Pourtant, elle ne parvient pas à modifier sensiblement l’inégalité d’accès et de réussite des élèves issus des classes populaires. Nous interrogeons ce « changement nul ». L’étude porte sur les discours noosphériens. Elle montre qu’une rupture est survenue au tournant des années 1990. La désignation des élèves en échec et les formes de régulation préconisées pour lutter contre les inégalités scolaires sont marquées par une focalisation sur les individus, leurs mécanismes mentaux, leurs aptitudes et leurs attitudes. La notion « d’élève en difficulté » est convoquée pour l’occasion, elle se conjugue avec des injonctions à recourir à une individualisation de l’enseignement. Un questionnaire et des entretiens réalisés auprès d’enseignants de S.E.G.P.A. montrent que l’idéologie mentaliste à l’œuvre dans les discours noosphériens percole chez les enseignants. Les élèves de S.E.G.P.A. sont ainsi caractérisés par des « spécificités » cognitives censées avoir une valeur explicative à leur échec. Pourtant, cette « hypothèse des spécificités » ne se vérifie pas à l’étude des résultats de ces élèves aux évaluations nationales. L’étude porte sur les pratiques de huit professeurs de mathématiques en S.E.G.P.A. Deux styles d’enseignement contrastés sont définis : un style « magistral » et un métacognitif. Ces deux styles apparamment différents se ressemblent in fine quant aux conditions de la dévolution aux élèves d’une recherche mathématique. L’Arrière-plan dualiste qui les soutient contribue à faire porter sur les élèves seuls la responsabilité de la signification des règles mathématiques enseignées, sans que soient pensées les conditions didactiques qui en permettraient l’efficience. Les professeurs ne peuvent plus considérer ces conditions. Il en ressort une « cécité didactique », directement conséquente de l’impact de l’idéologie mentaliste sur les représentations professorales. La thèse avance l’hypothèse que cette cécité pourrait expliquer en partie la persistance des inégalités scolaires.