Thèse soutenue

Stabilité évolutive d'un mutualisme plante/fourmis obligatoire et spécifique

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Auteur / Autrice : Julien Grangier
Direction : Alain DejeanJérôme Orivel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Écologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Toulouse 3

Résumé

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En théorie, les dérives vers l'exploitation indirectionnelle sont fréquemment possibles dans les mutualismes, du fait d'anciens mutualistes évoluant vers le parasitisme ou d'organismes extérieurs s'immisçant dans les associations. Paradoxalement, les mutualismes sont partout. Comment perdurent-ils face à ces pressions déstabilisatrices ? Nous avons exploré cette question chez le myrmécophyte guyanais Hirtella physophora et son associé quasiment exclusif, la fourmi Allomerus decemarticulatus. Premièrement, les divers effets exercés l'un sur l'autre par les deux partenaires ont été examinés. Pour la plante, les fourmis constituent une défense indirecte optimale contre les phytophages, essentiellement comme sous-produit de leur activité de fourragement. Pour les fourmis, la plante offre des poches foliaires et du nectar, ainsi que des conditions facilitant l'exploitation d'un territoire exclusif. Le fonctionnement global de ce mutualisme correspond donc à la pseudoréciprocité, situation limitant la possibilité de conflits entre partenaires. De plus, contrairement à d'autres espèces congénériques, A. Decemarticulatus ne castre pas systématiquement son hôte en réponse à l'espace de nidification limitant. Par ailleurs, nous avons étudié la phase de rencontre des partenaires pour savoir ce qui empêchait l'intrusion d'exploiteurs externes. Les rôles potentiels de la compétition interspécifique, des filtres sélectifs et de la reconnaissance de la plante-hôte par les reines ont été testés. Le dernier mécanisme, jusqu'ici rarement démontré, est prépondérant et pourrait contribuer à la structuration d'une communauté compartimentée favorisant le maintien d'associations spécifiques.