Identité(s) et territoire du théâtre politique contemporain : le Groupe Merci, le Phun, le Théâtre du Radeau et Claude Régy
Auteur / Autrice : | Élise Van Haesebroeck |
Direction : | Arnaud Rykner |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études théâtrales |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Résumé
Comment définir l'identité - ou les identités - du théâtre politique contemporain et quelles sont les limites de son territoire ? Notre démarche est guidée par le désir de réhabiliter le terme politique en le sortant de ses acceptions héritées des années soixante-dix, c'est-à-dire le politique pensé comme dogmatique. Repenser le politique afin de le rétablir dans son sens noble d'« agir ensemble ». Concevoir le théâtre non pas comme ce qui réfléchit la politique mais, au contraire, comme ce qui la troue. Il ressort de notre réflexion que le théâtre politique contemporain s'attache à montrer les limites de la politique - de son omnipotence ou de sa négation -, et de ce qui fait que la politique s'évertue à éliminer le politique. En tant que représentants de ce théâtre en France, le Groupe Merci, Le Phun, le Théâtre du Radeau et Claude Régy bâtissent un théâtre anti-dogmatique, et par-là même, profondément subversif. Ils opèrent une révolution esthétique en bousculant, selon des démarches très différentes, l'ordre de la représentation, ordre qui se définit essentiellement par un certain rapport entre le dicible et le visible. Ainsi, dans le théâtre du Groupe Merci et celui du Phun, la parole ne fait pas voir. Elle est ce qui tient le spectateur en éveil et l'empêche de se simplifier. Chez Claude Régy et François Tanguy, la parole - devenue oraculaire - fait passer le spectateur de l'ordre du visible à celui du visuel. Le territoire du théâtre politique contemporain regroupe donc les formes théâtrales qui, en altérant la perception du spectateur, s'adressent à lui non pas comme à un membre du public - en tant qu'ensemble connu à l'avance - mais comme à un poète. Un tel théâtre nous paraît nécessaire parce qu'il permet à l'individu d'établir un contact avec le Réel sans jamais le réduire ni le maîtriser. Il appartient ainsi à cet art dont parle Godard lorsqu'il dit que « l'art c'est ce qui vous permet de vous retourner en arrière, et de voir Sodome et Gomorrhe sans mourir»(Godard, J. L. , entretien avec D. Pana et G. Scarpetta, Art Press, numéro spécial Godard, février 1985).