La sécurité routière au radar des inégalités sociales : codage et décodages d'un problème public
Auteur / Autrice : | Matthieu Grossetête |
Direction : | Jean-Louis Loubet del Bayle |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Toulouse 1 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Aucun chiffre officiel ne rend compte, en France, d'une corrélation entre la position sociale et le fait de mourir sur la route. Pourtant, la mortalité routière ne frappe pas au hasard, elle affecte en priorité les plus démuni. Le retraitement statistique des bulletins d'accidents établit un fait social sous documenté : les groupes sociaux sont inégaux face aux accidents mortels de la circulation. Les ouvriers (conducteurs) affichent une surmortalité relativement stable dans le temps tandis que les cadres sont sous représentés dans les accidents mortels et sont de surcroît les premiers bénéficiaires de la diminution du nombre de victimes enregistrée entre 2002 et 2005. L'enjeu n'est rendu visible que sous une forme particulière, vidée de son contenu social, au prisme de la seule responsabilité personnelle du conducteur. Le plus souvent, les représentations dominantes de l'accident, médiatisées par les journalistes ou les spots de communication publique, sont sans lien ou presque avec la réalité du problème, aveugles à ses causes sociales. Les usagers de la route sont de leur coté d'accord pour dénoncer prioritairement leur prochain ou considérer que l'accident n'arrive qu'aux autres, mais pas indifféremment. Les appropriations de ce point de vue individualisant, chiffré, unique et uniforme, fluctuent au gré du rapport socialement situé de chacun à la route, c'est-à-dire des dispositions que les agents doivent à leur position sociale. Les lectures de l'enjeu varient ainsi en fonction de ceux à qui il bénéficie et conduisent les individus à contester préférentiellement les conduites dont ils sont le plus éloignés socialement plutôt que l'enracinement populaire du problème.