L' expérience mystique, entre réalisation ultime et folie : Analyse épistémologique et psychopathologique (1789-1980)
Auteur / Autrice : | Stéphane Gumpper |
Direction : | Franklin Rausky |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie. Psychopathologie et psychologie cliniques |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Université Louis Pasteur (Strasbourg) (1971-2008) |
Mots clés
Résumé
C’est à partir des conflits et polémiques, entre logos scientifiques (entités nosographiques et diagnostics différentiels psychopathologiques) et discours de la foi (critériologie du discernement des esprits et apologétique catholique), au cours d’une période se déclinant entre 1789 et 1980 en France et dans sa proche périphérie, que des liens d’identité et des lignes de partage entre mystique et folie se sont renforcés. Dans notre méthodologie, nous interrogerons l’écart entre théorie (« en-soi de la discipline ») et pratique (« pour-soi du chercheur ») en tentant de saisir certaines impasses, cerner des points de fuites aux fins d'opérer un décentrement à partir d'une « théorie de la pratique » (P. BOURDIEU, 1972). La visée de cette démarche étant de dégager notre objet de recherche en tant que concept opératoire, la scansion mystique. Cette scansion, traversée par des rapports en tension et des couples d'opposés, transcendance/déficience, vision/hallucination, réalisation/folie… a pour fonction de révéler un double malentendu sur le versant des constructions discursives. Un premier malentendu qui sera analysé portera sur le télescopage de deux épistémès bien distinctes, l'une du registre de la psychopathologie étayée sur un homo-duplex [dualisme corps et âme] ; l'autre, la théologie catholique, fondée sur une anthropologie ternaire [corps, âme et dimension de l'Esprit Saint]. Le deuxième malentendu s'originant quant à lui dans une confusion entre phénomène mystique (du domaine du visible, objectivé à partir des stigmates, extases, acédies…) et expérience mystique (rencontre de Dieu dans les profondeurs de l'âme), la seconde occurrence étant la plupart du temps confondue et identifiée à la première.