Thèse de doctorat en Physiologie et biologie des organismes et des populations. Éthologie
Sous la direction de Odile Petit et de Jean-Louis Deneubourg.
Soutenue en 2008
à l'Université Louis Pasteur (Strasbourg) (1971-2008) en cotutelle avec l'Université Libre de Bruxelles .
Vivre en groupe implique une cohésion et une synchronisation des activités des membres d’un groupe. Dans ce contexte, des individus avec des besoins pouvant être différents doivent décider conjointement où et quand se déplacer collectivement. Alors que les comportements de recrutement et de vote ont été relativement bien étudiés chez les primates et que les processus auto-organisés ont été démontrés dans des grands groupes, peu de chercheurs ont étudié l’existence de processus simples dans des petits groupes structurés d’individus aux capacités cognitives avancées. De même, alors qu’il a été démontré que les relations sociales d’une espèce conditionnaient la forme de certains comportements tels que les comportements d’agression, de réconciliation ou de toilettage, aucune étude n’a démontré cette influence sur le type de consensus d’une espèce. Afin de tester ces différentes hypothèses, j’ai étudié deux espèces de macaques au style social contrasté, le macaque rhésus (Macaca mulatta) ayant une hiérarchie stricte et un népotisme élevé et le macaque de Tonkean (M. Tonkeana) connu pour être tolérant. Les résultats de cette thèse montrent donc l’existence conjointe de processus auto-organisés et de processus plus complexes et intentionnels chez les macaques. Ils démontrent également l’influence du système social sur la prise de décision collective, en termes de dominance et de parenté. Le macaque de Tonkean présente un consensus équitablement partagé et les membres du groupe s’organisent au sein du déplacement en fonction des relations affiliatives, contrairement au macaque rhésus pour lequel le consensus ne semble que partiellement partagé, en faveur des individus dominants et l’organisation des individus biaisée en faveur de la parenté.
A comparative study of the social relationships influence on the organisation of collective movements in two macaque species (Macaca tonkeana, M. Mulatta)
Living in groups involves group cohesion and synchronization. In this context, animals with different needs have to decide collectively about the time and the direction to move. In Primates, studies mainly focused on intentional behaviours such as recruitment, while in large groups they showed the existence of auto-organised processes. Few studies however have been carried out to prove the existence of these self-organised processes in highly structured groups as primates’ ones. In the same way, studies showed how social relationships of group members constrained behaviours like aggressive, conciliatory or grooming ones but we don’t know how these social relationships influenced the kind of consensus in a species. In order to test these hypotheses, I studied two macaque species with contrasted social style, the rhesus macaque (Macaca mulatta) having a strict hierarchy and a high nepotism and the Tonkean macaque (M. Tonkeana) known to be tolerant. Results of this thesis showed the existence of both auto-organised processes and more complex ones in these stable small groups with individuals demonstrating relatively complex cognitive abilities. Results also proved the influence of the social style of a species, in term of dominance and kinship, on the consensus. Tonkean macaques displayed an equally shared consensus and group members are organised according to affiliation during a collective movement. Conversely, rhesus macaques displayed a partially shared consensus in favour of high-ranking individuals and the organisation of individuals was biased in favour of kinship.