Thèse soutenue

Etude épidémiologique, virologique et physiopathologique des infections respiratoires basses par les entérovirus en pédiatrie

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Auteur / Autrice : Jérôme Jacques
Direction : Laurent Andreoletti
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Médecine. Virologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Reims

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les @entérovirus (Picornaviridae) sont des agents infectieux communs divisés en 5 espèces (Poliovirus et Entérovirus humains A à D) qui regroupent actuellement 89 sérotypes. Ces virus à ARN positif simple brin, sont responsables de syndromes infectieux variés incluant des infections des voies respiratoires hautes ou basses chez l'adulte ou l’enfant. Actuellement l’importance épidémiologique, les caractéristiques cliniques ainsi que les mécanismes physiopathologiques des infections respiratoires par les entérovirus restent à préciser. La première partie de notre travail a eu pour objectif d’évaluer le rôle étiologique potentiel des picornavirus à tropisme respiratoire chez 192 enfants âgés de moins de 36 mois et hospitalisés pour bronchiolite. Un agent viral a été identifié chez 138 (72. 5%) des 192 enfants étudiés. Les virus les plus fréquemment détectés étaient respectivement le Virus Respiratoire Syncytial (VRS) (30%), les Rhinovirus (RVH) (21%), les entérovirus (EV) (9%), et les Métapneumovirus humains (MPVh) (4%). Les RVH et les EV sont apparus comme étant la seule cause de l'infection virale de l’arbre respiratoire dans 57 (30%) des 192 jeunes enfants, tandis qu’une co-infection avec du RVH ou du EV a été détectée dans 25 (13%) des 192 jeunes enfants (30 vs. 13%, P<10-3). Ces données suggèrent que les picornavirus (RVH et EV) à tropisme respiratoire seraient l'une des principales causes virales de bronchiolite en France. Dans une seconde étude, nous avons analysé 252 cas d’infections pédiatriques à EV diagnostiqués chez 11509 enfants. Les souches d’EV ont été isolées dans des échantillons naso-pharyngés grâce à la culture virale, et identifiées par séroneutralisation. Les syndromes respiratoires (79 (31%) des 252 infections à EV) associés à une infection par un EV sont apparus comme étant la deuxième plus fréquente pathologie pédiatrique après la méningite (111 (44%) des 252 cas) (44 vs 31%, p <10-3). Les EVs ont contribué aux infections respiratoires bases dans 54 % des 79 cas d’infection à EV. La bronchiolite a été la pathologie la plus souvent diagnostiquée dans les infections respiratoires à EV (34 (43%) des 79 cas, p <10-3), survenant le plus souvent chez les enfants âgés de 1-12 mois (P = 0. 0002). Les echovirus 11, 6 et 13 ont été les souches les plus fréquemment identifiées dans les infections respiratoires (24, 13 et 11%, respectivement). L’analyse phylogénétique du gène codant pour la protéine de capside VP1 a révélé la circulation concomitante ou successive de souches distinctes EV à tropisme respiratoire au cours du même mois ou de la période épidémique. Ces résultats indiquent que les infections des voies respiratoires représentent 30% des cas des infections pédiatriques à entérovirus. De plus, la circulation concomitante ou successives de souches génétiquement distinctes d’EV indique la possibilité d’infections respiratoires répétées au sein de la même saison épidémique, et suggère la possibilité de mécanismes de recombinaison génétique entre des souches d’EV d’espèces A ou B. Afin d’identifier les mécanismes qui peuvent réguler le développement de l’inflammation des muqueuses respiratoires au cours de l’infection des voies aériennes basses par les EVs, nous avons étudié les profils et les niveaux de production de « CC et CXC chimiokines » de cellules épithéliales pulmonaires humaines primaires (SAEC), infectées par deux souches sauvages d’EV à tropisme respiratoire. L’exposition des SAEC à l'interféron gamma (INF-γ) et aux virus sauvages de type Coxsackie B5 ou ECHO 30 induit une augmentation significative de la production de RANTES qui est synergique par rapport celle obtenue par l’infection virale ou par l’INF-γ seul. Nous avons observé que l'infection réplicative des entérovirus dans les SAEC induisait une augmentation dose et temps-dépendante des ARNm, et des protéines RANTES, MCP-1 et l'IL-8. La sécrétion de ces chimiokines est significativement augmenté à 48 ou 72 heures suivant l’infection dans les cultures traitées par de faibles doses d’INF-γ, et ceci comparativement aux cellules non infectées (P <0,001). Les chimiokines produites par les SAEC en réponse à l’infection virale ont montrés une forte activité chimiotactique pour les éosinophiles humains du sang périphérique. En outre, nous avons observé une infection productive par les entérovirus à tropisme respiratoire dans les éosinophiles. Ceux-ci ont spécifiquement sécrété des niveaux significatifs de RANTES et MCP-1,et ceci 24 heures après l'infection. Par conséquent, le processus inflammatoire induit par les entérovirus semble être déclenché par l'infection de cellules épithéliales, et amplifié par des mécanismes déclenchés par l’INF-γ ainsi que par la sécrétion de chimiokines par les éosinophiles recrutés dans la lumière bronchique. En conclusion, nos travaux indiquent que les EVs sont une cause fréquente d'infection des voies respiratoires chez les enfants, et qu’ils sont capables d’induire au cours de l’infection des cellules de l'épithélium bronchique, une sécrétion spécifique de chimiokines de type RANTES, MCP-1 et IL-8. Ces résultats suggèrent l’importance du rôle des entérovirus dans le développement de pathologies respiratoires chez les enfants immunocompétents.