Thèse soutenue

Mémoires de l'oubli : revenance et crise de la tradition dans les oeuvres de William Faulkner, Joseph Roth, Claude Simon, Georges Perec et W.G. Sebald

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Raphaëlle Guidée
Direction : Denis Mellier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Poitiers
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : Université de Poitiers. UFR Langues et Littératures (1970-....)

Mots clés

FR

Résumé

FR  |  
EN

Nées dans le sillage des grandes catastrophes historiques du XXe siècle, les œuvres de William Faulkner, Joseph Roth, Claude Simon, Georges Perec et W. G. Sebald interrogent l'héritage paradoxal de la disparition d'une tradition. Si les fantômes de l'histoire reviennent hanter le présent, c'est en effet parce que leur univers a disparu, et avec lui les modes de transmission traditionnels qui assuraient la survivance du monde ancestral et la possibilité de sa représentation. Loin de manifester la présence vive du passé, la hantise semble dès lors accompagner la certitude d'une mort irréparable, perte sèche que ne saurait venir combler aucun monument littéraire ou artistique. Alors que l'économie romantique de la représentation des morts assimilait l'écriture à un tombeau, capable de ressusciter les morts et de réparer la perte, la mémoire des disparus est et demeure dans ces œuvres fondamentalement mélancolique, en tant qu'elle ne cesse de marquer les limites de la résurrection littéraire, et la fragilité d'une entreprise narrative elle-même sujette au travail destructeur du temps. Pourtant, le renoncement au modèle du tombeau scripturaire ne met pas fin à l'exigence de justice qui accompagne toute apparition spectrale. En répondant à l'appel de ce qui est irrémédiablement perdu, les œuvres s'inscrivent dans le cadre d'une mémoire de l'oubli qui tente de rappeler le souvenir des disparus, mais aussi et surtout de conserver la trace de la perte. Archiver ce qui peut l'être, et figurer l'empreinte en creux de l'oublié, c'est le double horizon éthique d'une littérature qui reconnaîtrait à son fondement la réalité d'une disparition sans retour.