Thèse soutenue

''Dans ce chant d'Arlequin, la Haute voix du coeur'' : lyrisme et quête identitaire dans l'oeuvre poétique de Jean Sénac

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Auteur / Autrice : Fanette Lafitte
Direction : Pascale Alexandre-Bergues
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française du XXe siècle
Date : Soutenance le 16/05/2008
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cultures et Sociétés. Département de l'École Entreprise Travail et Emploi (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche Littératures, savoirs et arts (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Michèle Aquien, Michel Braud, Guy Dugas, Aude Préta-de Beaufort

Mots clés

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Résumé

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Jean Sénac, poète algérien du XXème siècle, est avant tout connu pour son engagement en faveur de l’indépendance algérienne. Ses poèmes dénoncent l’autoritarisme colonial comme ils révèlent la violence morale et sociale qui accompagne la mise en place du nouveau régime politique de Houari Boumedienne succédant à celui, plus en adéquation avec les attentes du poète, d’Ahmed Ben Bella. Mais ce serait amputer l’oeuvre poétique sénacquienne d’une grande richesse thématique et stylistique que de la résumer à quelques uns de ses plus grands recueils « politiques ». Car, derrière la voix d’un homme engagé dans le combat sociopolitique de son pays s’entend celle d’un artiste qui s’interroge, dès ses premiers écrits, sur les fondements de son existence, sur la réalisation du sujet en tant qu’homme, mais aussi en tant que poète, et sur les possibilités ontologiques et littéraires d’y parvenir. Une parole lyrique fonde et / ou transcrit alors la quête existentielle en même temps qu’elle interroge sa légitimité et l’espace de son déploiement. La problématique de l’interdépendance entre voeu d’unité ontologique et pluralité des modalités d’énonciation permet d’appréhender le polymorphisme stylistique et thématique de cette oeuvre singulière, polymorphisme au service d’un cheminement ontologique étroitement nourri des révélations générées par l’écriture poétique. La première partie de ce travail a donc pour vocation de mettre en lumière la corrélation réciproque entre l’expérience phénoménologique et sensitive du monde menée par le poète et celle de l’écriture, corrélation sur laquelle repose la prise de conscience réfrénée puis acceptée d’une diffraction du sujet. L’écriture poétique, espace de représentation et de construction de l’ego, renseigne le sujet lyrique sur la nature de sa disparité et devient le champ d’expérimentation d’un projet de réunification du corps et de l’esprit en lieu du poème ; ce que Jean Sénac nommera le « corpoème ». La seconde partie fait état d’un degré supérieur d’interrogation existentielle et analyse l’enjeu verbal et ontologique d’une substitution du poète à Dieu. Jean Sénac éprouve le besoin de se confronter à la divinité, référentiel d’un espace absolu, afin de mesurer la nécessité et les possibilités d’une incarnation définie selon ses propres concepts. L’écriture préfigure donc un « parcours de soi » inachevable en même temps qu’elle instaure les limites d’un espace de re-présentations où le poète appréhende la fragmentation du « moi » avant d’en faire un motif de justification d’un questionnement cyclique sur les conditions de son identité. Toutes les figures du sujet lyrique convergent alors dans cet espace d’agencement que représente l’oeuvre poétique, et leur rassemblement autorise le poète à profiler la voie /voix d’une réalisation singulière