Place du statut énergétique dans la dynamique migratoire de la civelle d’anguille européenne (Anguilla anguilla).
Auteur / Autrice : | Sarah Bureau du Colombier |
Direction : | Agnès Bardonnet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physiologie et biologie des organismes, populations et interactions |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Pau |
Mots clés
Résumé
L’anguille a longtemps été considérée comme un poisson migrateur qui se reproduit en mer et réalise sa phase de croissance en rivière. Cependant, des études réalisées au cours des dix dernières années ont montré que certaines anguilles ne réalisent pas leur croissance en eau douce. L’absence de migration en eau douce suggère des différences de comportement migratoire dans la zone tidale, c'est-à-dire que certaines civelles migreraient vers l’amont alors que les autres resteraient en mer ou en estuaire. Le but de cette thèse a été d’essayer de comprendre l’origine des différents patrons de migration chez la civelle d’anguille européenne (Anguilla anguilla) et principalement le rôle du statut énergétique des individus. Dans un premier temps, des civelles capturées en cours de migration ont été triées en structure expérimentale d’après leur propension à continuer à migrer et classées comme M+ (forte propension) ou M- (faible propension). La teneur en énergie, les dépenses d’énergie, ainsi que le niveau d’alimentation de ces deux groupes de civelles ont été comparés. Les résultats ont mis en évidence une plus forte teneur en énergie chez les M+ que chez les M- pour les individus capturés en milieu d’estuaire mais pas pour ceux capturés en entrée d’estuaire. Ces observations suggèrent que la teneur en énergie chez la civelle serait impliquée dans l’existence de divergences migratoires en milieu d’estuaire mais qu’un facteur autre que la seule teneur en énergie serait impliqué en entrée d’estuaire. L’existence d’un seuil d’énergie individuel déterminant si l’individu continuera ou non sa migration a été évoquée. Les résultats ont également souligné de plus fortes dépenses d’énergie et une reprise d’alimentation plus lente et / ou à un plus faible niveau chez les M-. Le rôle des facteurs hormonaux et génétiques a été suggéré. Une interprétation de l’implication de ces résultats dans l’explication du maintien des deux tactiques sédentaire / migrant a été proposée. Dans un second temps, une étape traduction des résultats expérimentaux sous formes d’éléments d’un modèle de migration estuarienne a été réalisée. Elle a permis de mettre en évidence jusqu’où les résultats expérimentaux permettent de reproduire le comportement migratoire de la civelle en estuaire et en quoi ils doivent être complétés. La forte diminution des stocks d’anguilles observée depuis les années 1970-1980 nécessite de mieux comprendre les causes de cette diminution pour mettre en place des méthodes de gestion appropriées. Les apports de connaissance liés à ce travail permettent de mieux cerner l’histoire de vie des anguilles et participent ainsi à l’amélioration des méthodes de gestion.