Matérialismes, créationnismes et histoire naturelle : variations et critiques de l'idée de création au XVIIIe siècle en France
Auteur / Autrice : | Pascal Charbonnat |
Direction : | Francine Markovits Pessel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Résumé
En suivant les variations de l'idée de création au XVIIIe siècle en France, il est possible d'observer comment les discours des naturalistes ont peu à peu mis à distance les contraintes théologiques, au profit de nouveaux présupposés métaphysiques et de conceptions inédites de Dieu. Le problème du contenu de l'acte de création s'est imposé aux savants à mesure qu'ils ont cherché à étendre les bornes de l'explication par les causes physiques : où s'arrête le champ d'intervention de la cause première dans la constitution du globe terrestre et des êtres à sa surface ? La rupture des savants avec la scolastique thomiste, au début du siècle, a été concomitante de représentations du Créateur fondées davantage sur sa sagesse que sur sa volonté, en particulier chez Malebranche et Leibniz. Les théories ayant pour objet l'origine des corps naturels, qu'il s'agisse de la formation de la Terre ou de la génération des êtres, se sont appuyées sur ces nouvelles visions de Dieu pour accroître l'autonomie du discours physique. Les critiques radicales de l'idée de création, chez Fréret, Meslier, La Mettrie et des anonymes, ont également incité les naturalistes à s'interroger sur le concours divin minimal à conserver. Au milieu du siècle, certains d'entre eux, notamment Montesquieu, Maupertuis et Buffon, se sont engagés dans des théories sur la formation des corps où Dieu n'intervient presque plus, tandis que d'autres, comme Needham ou Bonnet, ont tenté une ultime conciliation avec la théologie. Cette division parmi les naturalistes a été renforcée par le développement des diverses irréligions, et surtout par le matérialisme défendu par Diderot et d'Holbach. Finalement, les successeurs de Buffon, comme Lamarck, Bertrand ou La Métherie, ont produit des théories qui ont soit supprimé le recours à un Créateur, soit réduit son rôle à celui d'un législateur.