Thèse soutenue

Les relations entre le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le gouvernement suisse (1938-1945)

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Auteur / Autrice : Isabelle Vonèche Cardia
Direction : Annette BeckerHenry Rousso
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire du monde contemporain
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris 10

Résumé

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Depuis sa fondation en 1863, le CICR a entretenu des relations privilégiées avec la Suisse et son gouvernement, basées sur la doctrine et la pratique de la neutralité et sur la perception d'une communauté de destin entre l'institution humanitaire et la Confédération helvétique. Une telle perception, ainsi que l'adhésion à des valeurs politiques communes ressortent de manière particulièrement accentuée pendant la Seconde Guerre mondiale, époque à laquelle le CICR et la Suisse jouent leur survie. Ceci a conduit certains historiens à soutenir que l'institution genevoise a été manipulée par le gouvernement suisse, notamment lors de son silence face aux déportations nazies. S'appuyant largement sur des archives et des entretiens avec certains personnalités de l'époque, cette thèse examine les relations entre le CICR et le gouvernement suisse sur le plan des institutions, des interactions personnelles, des processus de prise de décision et des actions humanitaires menées sur le terrain. Elle montre la complexité des rapports entre le CICR et le gouvernement suisse, les rivalités qui ont éclaté, mais aussi le caractère négocié de leurs choix concrets. Surtout, elle met en question la thèse de la manipulation gouvernementale. Confronté à la Shoah, le Comité définit son attitude en tenant compte de divers critères : la sauvegarde de la neutralité et de l’impartialité, essentielles pour son identité et ses possibilités d’action ; le maintien de relations avec les belligérants telles qu'elles puissent assurer la continuité de son travail ; les probabilités de faire une différence pratique ou symbolique ; l’image du CICR en tant qu’autorité morale. Au-delà du problème du silence du CICR face aux déportations, ces critères se combinent avec l’histoire des choix précédents du Comité, la poursuite des valeurs ultimes de l’institution et une attitude systématiquement légaliste pour donner lieu à une délicate symbiose entre le CICR et le gouvernement