Plaintes, normes et intégration : Le cas d’une organisation bureaucratique
Auteur / Autrice : | Olivia Foli |
Direction : | Norbert Alter |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris 9 |
Mots clés
Résumé
L’étude des discours de plainte dans les interactions montre que leur sens est labile et contingent en fonction de la situation d’énonciation du plaignant et de son auditoire. Une démarche ethnographique par immersion dans une organisation productive établit que l’expression de la plainte peut être dénuée d’un sentiment de mal-être. Comment expliquer alors la prégnance du phénomène de plainte dans cette entreprise ? Les observations empiriques invitent à interpréter la plainte comme étant reliée à la régulation sociale du milieu. Le cas de l’entreprise étudiée montre que les modalités de l’expression et de la circulation de la plainte, ainsi que les effets produits sur l’action, sont adossés à la régulation bureaucratique favorisant une participation en demi-teinte. Les normes du milieu façonnent et canalisent l’expression de la plainte, et elles annihilent les effets des plaintes porteuses d’une demande de changement, favorisant ainsi la reproduction de la culture dominante. Paradoxalement, les expressions de plainte sont davantage un signe de loyauté et d’intégration à l’entreprise qu’une manifestation critique. Lorsque la plainte n’est pas authentique, elle est une pratique rituelle qui tonifie le lien social. Elle nourrit les sociabilités et offre une échappatoire à une culture qui serait sinon étouffante. Partant, l’expression de la plainte rend avant tout lisible la stratification du milieu et la façon dont les individus habitent leur rôle social, avec plus ou moins de distance vis-à-vis des attentes de rôle de l’organisation