Thèse soutenue

Mémoire et cinéma : la ''machine-de-mémoire - cinéma''

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Auteur / Autrice : Ayumi Sato
Direction : Marie-Claire RoparsPierre Bayard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris 8

Résumé

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M'inspirant du concept de ''mémoire'' d'Henri Bergson, j'émets l'hypothèse que le cinéma illustre, sous la forme d'un film, la mémoire du cinéaste. Je nomme le cinéma la ''machine-de-mémoire''. La mémoire bergsonienne n'est pas seulement la puissance de mémoriser les choses, elle est une force subjective présente en chacun au moment de la perception : lorsque l'on voit une image, sa mémoire capte le temps, l'espace et les mouvements de cette image. Ainsi l'être humain est-il capable de saisir et de conserver les images : Bergson l'explique comme l'''élan vital''. Le cinéma réalise la mémoire : ''la machine-de-mémoire - cinéma'' traduit tout d'abord la mémoire du cinéaste, la ''mémoire-film''. Puis elle concrétise la mémoire du spectateur. Le cinéma confère à l'être humain une force nouvelle. Dès sa naissance en 1898, le cinéma développe une réelle capacité de mémoire. Avec les films des Frères Lumière, je montre comment cette machine mémorise les trois éléments principaux de l'image : le temps, l'espace et le mouvement ; comment elle évolue cette capacité grâce à ses techniques. Le temps du film est le temps réel. L'art du cinéaste consiste à le métamorphoser en un temps filmique différent. J'examine des films d'Ophüls, de Kurosawa, de Buñuel, d'Hitchcock, de Straub-Huillet, de Godard. Tout leur travail s'effectue ''avant'' la présentation du film, mais ce temps recréé devient celui du spectateur, de sorte que le film est la mémoire de chaque spectateur ''pendant'' la projection. La mémoire du spectateur est aussi la force qui peut reconstituer les mêmes trois éléments cinématographiques que sont le temps, l'espace et le mouvement. Elle les conserve ''après'' la projection. Elle peut vivre avec une mémoire de films, elle-même changeante. Ainsi la ''la machine-de-mémoire - cinéma'', par la rencontre du temps filmique, du temps du cinéaste et du temps du spectateur, produit-elle une mémoire qui est elle-même la ''mémoire-film'' transformée en la mémoire spectatorielle. Ces deux mémoires sont bien des génératrices du ''réél''.