Sourds et société française au XIXe siècle : 1830-1905
Auteur / Autrice : | Florence Encrevé |
Direction : | Michèle Riot-Sarcey, Christian Cuxac |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Résumé
L'histoire des sourds est celle d'une mise à l'écart de personnes considérées comme infirmes au nom de l'unité d'une langue supposée commune, le français. Cette thèse souhaite étudier l'évolution de la société française au XIXe siècle (de 1830 à 1905) à travers le regard qu'elle porte sur les sourds et en le confrontant au point de vue des sourds eux-mêmes. Dans une première partie, nous analysons la fraternité des sourds-muets, de 1830 à 1860, et l'action de Ferdinand Berthier, professeur sourd à l'Institution de Paris. Après les résultats auxquels il parvient, on pourrait penser que la condition des sourds va s'améliorer à partir de la seconde moitié du siècle. Or il n'en est rien. La philosophie du progrès entraîne une régression pour les sourds, tant au niveau de leur instruction qu'à celui de leur intégration. Dans une seconde partie, nous étudions donc les paradoxes de l'idée de progrès, de 1860 à 1905. Les sourds sont de moins en moins écoutés et la langue des signes est de moins en moins considérée. Ceux qui ne la connaissent pas ont la conviction qu'elle infériorise les sourds et qu'elle symbolise l'antithèse du progrès, ce que réfutent pourtant les sourds. La langue des signes est ainsi victime d'une certaine interprétation de l'idée de progrès. Les républicains souhaitent permettre aux sourds d'accéder à l'égalité civile grâce à la parole qui seule, selon eux, peut les sortir de leur infériorité. Or, malgré leurs bonnes intentions, en appliquant la méthode orale pure ils institutionnalisent une conception des sourds qui les regarde comme infériorisés tant qu'ils ne sont pas instruits à la parole et les sourds se trouvent finalement en situation d'inégalité.