La culture de la distinction : unité institutionnelle et lignes de tensions au sein du corps des officiers de l'armée de terre
Auteur / Autrice : | Christel Coton |
Direction : | Numa Murard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
Le corps des officiers de l'armée de terre se caractécrise par l'existence d'un grand corps implicite qui fait se cotoyer sous des grades et dans des emplois partagés des officiers aux profils sociaux et scolaires distincts et aux destins institutionnels inégaux. La première partie de carrière des officiers est marquée par l'absence prolongée d'une division instituée entre les cadres destinés aux hauts-commandements et ceux destinés à rester de simples exécutants. Le mode de sélection progressif des élites militaires favorise le déploiement de pratiques de classement et de distinction qui travaillent la stabilité de l'ordre hiérarchique et introduisent des frontières au sein du corps. Ce sont les registres et les usages spécifiques de ces pratiques de distinctions que deux observations participantes en école militaire et en régiment ont permis de saisir. Rapportées aux stratégies de revalorisations sociales et scolaires du corps des officiers engagées depuis 1945, elles donnent à voir des registres de distinctions contradictoires en prise avec les politiques institutionnelles oscillant elles-mêmes entre une valorisation de titres et de qualités scolaires « exogènes » a l'institution et l'entretien d'une spécificité militaire proprement combattante se refusant quant à elle à se voir strictement indexée sur une évaluation d'ordre scolaire. Entre pairs, le capital combattant régit l'économie du prestige et conditionne l'octroi des honneurs ou des deshonneurs. Mais derrière le « geste guerrier » comme derrière les positions institutionnelles dominantes, ce sont avant tout des dispositions sociales, scolaires et culturelles qui s'expriment.