Amitié pour l'inconnu sans ami : politique et écriture de l'amitié
Auteur / Autrice : | Olivier Jacquemond |
Direction : | Étienne Tassin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie politique |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
Après avoir connu son âge d'or durant l'Antiquité, la question de l'amitié est devenue un « problème philosophique perdu ». Au vingtième siècle, cette question a été réinvestie de façon tout à fait singulière, au croisement de la philosophie et de la littérature, par Maurice Blanchot tout d'abord, puis par une génération de philosophes comprenant Gilles Deleuze, Michel Foucault, Roland Barthes ou encore Jacques Derrida. Ces théoriciens ont su rendre sa dignité philosophique à cette question tout en la reconsidérant complètement. En effet, cette amitié n'a plus grand-chose de commun avec l'amitié des grecs, car elle a été doublement affectée : à la fois par « Auschwitz », catastrophe après laquelle il est devenu impossible de regarder l'ami sans éprouver une certaine méfiance ; et par Mai 68 où « le premier-venu » était déjà un être aimé et devenait le « familier-inconnu ». A travers ces deux événements, nous avons tenté d'élaborer une définition de l'amitié comme amitié sans visage. Celle-ci correspond à une amitié débarrassée de la présence aliénante, confiscante, de l'ami. Certes, dans cette configuration nouvelle, l'amitié n'est plus au cœur de la Cité, mais elle est dotée d'une radicalité nouvelle, traduite par un refus de toute forme d'identification, de fixation, d'assignation. Pour faire bref, l'amitié est devenue synonyme d'entrée en résistance.