La réception française de la mécanique statistique
Auteur / Autrice : | João Paulo Principe Silva |
Direction : | Olivier Darrigol, Augusto Fitas |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie. Épistémologie et histoire des sciences et des techniques |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
La réception française de la mécanique statistique est caractérisée par différents moments et par l'hétérogénéité des lectures et des modes d'appropriation. Dans un premier moment, les Français ont lu la nouvelle théorie cinétique (d'après Clausius), dans un cadre dominé par l'adhésion à une forme post-laplacienne de mécanisme. Les introducteurs de la théorie, sont des opticiens qui, comme Ampère, attribuent un rôle fondamental à l'éther dans les phénomènes thermiques. L'agnosticisme de de Regnault et la crainte de l'usage des probabilités inspirent une certaine méfiance à l'égard de cette théorie. Le deuxième moment, celui où Brillouin, Poincaré et Borel ont une contribution originale, garde encore une caractéristique commune au premier moment: la circulation des idées est essentiellement à sens unique. Les étrangers s'intéressent très peu aux premières contributions françaises. Seul l'usage que fit Langevin de la théorie cinétique dans la physique des ions a reçu quelque attention. La première surprise que le présent travail apporte, c'est que l'histoire usuelle des théories cinétiques de la chaleur est trop linéaire: elle sélectionne les travaux qui fondent la conception moderne (Clausius, Maxwell, Boltzmann et leurs proches) et ignore tout de qui s'en écarte. Mon travail montre qu'il y a eu, dans toute la seconde moitié du XIXe, plusieurs conceptions cinétiques de la chaleur et que quelqu'un comme Clausius acceptait ce pluralisme. Une autre surprise est l'hétérogénéité du rapport français aux théories moléculaires, qui contredit les clichés concernant l'absence d'une physique théorique française ou la dominance totale des approches empiriques et phénoménologiques.