Thèse soutenue

Le désir ou l'art du mensonge dans "A la recherche du temps perdu"

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Auteur / Autrice : Christina Kkona
Direction : Julia Kristeva
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et sémiologie du texte et de l'image
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris 7

Résumé

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Du premier mensonge, celui du héros à sa mère, à celui qui marque l'achèvement de sa relation avec Albertine en passant par les ruses d'Odette avec Swann, de demoiselles de Montjouvain, de Charlus avec Morel, tout se passe dans la Recherche comme si le mensonge, comme langage de l'altérité, comportait un registre sémantique qui échappe aussi bien au menteur qu'à l'enquêteur et qui se fonde sur la double signification du mot invention : à la fois création et découverte. La fabulation incite son auteur à créer ce qui a toujours été là dans l'attente d'être découvert. Les nombreuses ressemblances entre la description de certains mensonges d'Albertine et du monde mystérieux des artistes, suggère qu'il faut chercher dans le double mouvement de création/découverte la vérité de l'art, y compris celle de Proust. Le paradigme proustien du mensonge constitue peut-être la meilleure illustration de la fiction en état d'ébauche et c'est dans ce sens-là qu'il peut être qualifié d'« enfance de l'art ». En se fondant sur l'essentiel paradoxe de l'amour, Proust se livre à une analyse minutieuse de ce mensonge vital qui est la littérature tout en révélant l'indispensable inutilité de son entreprise. Dans le monde entièrement immanent de la Recherche, où il n'y a plus d'arbitre, le désir, qui est toujours désir de sortir de sa terrible solitude, engendre la croyance, traduit ce besoin de croire à l'autre, à cet autre désiré, toujours inconnu et par principe inconnaissable.