Thèse soutenue

Fetal cells in inflammatory and tumoural pathologies of pregnancy

EN
Auteur / Autrice : Sau Nguyen Huu
Direction : Selim Aractingi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie. Physiopathologie
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris 6

Résumé

FR

Pendant toute grossesse, des cellules fœtales entrent dans la circulation maternelle et peuvent persister des années après l’accouchement. Les cellules fœtales transférées chez la mère sont des cellules trophoblastiques, des leucocytes, des érythroblastes nucléés, mais aussi des progéniteurs hématopoïétiques ou mésenchymateux. Ces dernières peuvent se nicher dans la moelle osseuse maternelle durant des décennies. La persistance des cellules fœtales a généré deux hypothèses majeures. La présence de cellules foetales semi-allogéniques dans les tissus maternels a tout d’abord suggéré la possibilité de réaction immune anti-maternelles, telles dans la réaction du greffon contre l’hôte. La mise en évidence de cellules fœtales dans quelques maladies auto-immunes, comme la sclérodermie systémique, a largement contribué à soutenir cette hypothèse. Cependant, la capacité observée de greffe et de différentiation de cellules fœtales dans les tissus maternels lésés a amené à formuler l’hypothèse alternative selon laquelle des cellules souches fœtales microchimériques pouvaient participer à la réparation tissulaire maternelle et ne déclenchaient pas de maladie. L’objectif du travail présenté était d’évaluer l’adressage et le phénotype des cellules fœtales chimériques dans la peau maternelle inflammatoire ou tumorale pendant et après la gestation. Nous avons ainsi pu montrer en utilisant divers modèles murins transgéniques et diverses méthodes de détection que des cellules fœtales peuvent effectivement être retrouvées tant dans des dermites de contact que dans des tumeurs cutanées maternelles survenant pendant ou après la gestation. La fréquence de ces cellules était toujours supérieure dans la peau lésée comparée à la peau saine, suggérant un adressage spécifique. Pendant la grossesse, l’évaluation du phénotype des cellules fœtales a pu montrer de façon concordante que la majorité exprimait des marqueurs endothéliaux. Ces cellules se situaient en bordure de vaisseaux ou pouvaient former des vaisseaux entiers. Dans le cas des tumeurs, en utilisant des marqueurs fœtaux indépendants, il a été possible de montrer que les cellules fœtales constituant les parois d’un vaisseau avaient un progéniteur commun. Ces résultats suggèrent fortement l’acquisition par la mère de progéniteurs endothéliaux d’origine fœtale pendant la grossesse. Nous avons également montré la présence de cellules fœtales dans des lésions précancéreuses cutanées survenant longtemps après la gestation. Les cellules fœtales sont détectées dans 75% de ces papillomes cutanés mais jamais dans la peau saine des mêmes souris (p=0,034). Plus d’un tiers des cellules fœtales retrouvées exprimaient le facteur von-Willebrand et 16% étaient des leucocytes. Ces données suggèrent la participation des cellules fœtales au stroma tumoral dès les stades précoces de la carcinogenèse. En conclusion, nos résultats confirment à nouveau la capacité des cellules fœtales à se diriger spécifiquement vers les zones lésées maternelles inflammatoires et tumorales. Nous montrons également pour la première fois les capacités endothéliales de ces cellules chimériques: une grande proportion des cellules fœtales participe à l’angiogénèse. Cela suppose que pendant la grossesse, des progéniteurs endothéliaux d’origine fœtale sont transférés dans la circulation maternelle et recrutés dans les lésions où l’angiogénèse est très importante. La présence de ces cellules pourrait avoir une influence sur l’évolution des pathologies maternelles