Langage, corps chez Ludwig Binswanger
Auteur / Autrice : | Philippe Veysset |
Direction : | Jean-François Courtine |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire de la philosophie |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....) |
Résumé
Comme il y a, à côté du corps physique, un corps vécu, une chair dont le caractère de relation transparaît jusque dans la reformulation du concept de subjectivité, il y a à côté du langage comme simple outil de signification, une langue qui, habitée pour elle-même, donne accès au silence. Selon Ludwig Binswanger, bien que comportant chacun en son sein – trace de leur commune origine nostrale-, un fragment de l’autre -, langage et chair ne sauraient être rabattus l’un sur l���autre. Transformer le langage en un organisme vivant – qui ne serait que vivant, ayant par conséquent abdiqué son être-pour-la-mort, c’est se condamner à une production de sens interminable, celle du discours du schizophrène par exemple. Chair et langage sont les deux pans d’un même abîme, celui qui s’ouvre dans la béance d’un espace perdu. Cet espace est inhabitable, car tendu par des directions de sens opposées qui doivent être parcourues simultanément cependant que l’immobilité est non moins insupportable puisqu’elle est la négation même de la vie (catatonie, mutisme). Il faut donc un élan accompagné d’un d’une vitesse permettant de parcourir incessamment cet espace, de l’abolir tout en le laissant subsister. Mais comment déterminer cette vitesse, en fixer le tempo, sans remonter à la dissonance originelle qui a mué l’espace en distance ? Retrouver le tempo à partir d’une dissonance : tel est le défit commun du fou, du psychiatre et du philosophe, défi dont la reconnaissance amorce seule, selon Binswanger, la guérison de l’homme.