Thèse soutenue

Le poisson au Moyen Âge : savoirs et croyances

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Auteur / Autrice : Cécile Le Cornec Rochelois
Direction : Claude Thomasset
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue française
Date : Soutenance en 2008
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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Symbole paléochrétien du Christ, le poisson est surtout, dans le contexte de l'Occident médiéval, la nourriture d’abstinence imposée par l'Église pendant les nombreux jours maigres. Cette valorisation chrétienne ne suffit pas à rendre compte de son rôle dans la littérature. Les ermites des romans se contentent de pain et d'eau, alors que le poisson est servi aux tables royales lors de plantureux banquets. De plus, quelques espèces récurrentes semblent revêtir des connotations particulières. Pourquoi le Graal de Chrétien de Troyes ne contient-il ni brochet, ni lamproie, ni saumon ? Qu'évoquent au public médiéval les fameuses anguilles du Roman de Renart ? D'où vient le miraculeux esturgeon qui conserve dans son ventre la main de l'héroïne du Roman de la Manekine ? Les discours médiévaux sur le poisson sont ancrés dans un contexte matériel et culturel qui nous est devenu étranger. Afin de reconstituer l’arrière-plan susceptible d’expliquer les allusions littéraires, on interroge d'abord la terminologie et les taxinomies employées dans les textes encyclopédiques et médicaux. Les représentations ainsi dégagées éclairent l'étude des notations littéraires. Les fictions accomplissent une recomposition des realia dont le sens diffère d’un genre à l’autre. Les espèces prestigieuses des romans et des chansons de geste suggèrent, dans une perspective moralisante ou comique, des plaisirs coupables. Certaines œuvres parodiques, spécialement le Roman de Renart, nouent avec les pratiques commerciales et alimentaires de leur temps un dialogue subtil. Le poisson se prête enfin au jeu polyphonique de la merveille ; il est alors à la fois nourriture symbolique et animal merveilleux.