Jean Racine et le corps tragique
Auteur / Autrice : | Sylvaine Guyot |
Direction : | Alain Viala |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue, littérature et civilisation françaises |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le corps tragique chez Racine semble un objet d’étude à la fois paradoxal et évident. Évident, car le théâtre est par excellence un art du corps. Paradoxal, car les tragédies raciniennes sont réputées pour réfréner la présence du corps, tant comme enjeu que comme moyen d’expression. Cette enquête vise à combler ce silence critique, en contestant l’idée d’un classicisme désincarné, harmonieux et universel. Étudier le corps tragique, c’est en faire une histoire culturelle. Le corps est un fait social dont usages, valeurs et représentations sont déterminées par la société à laquelle il appartient. Au croisement du politique, de l’anthropologie morale et scientifique, de la civilité mondaine, des arts oratoires et des évolutions esthétiques, le corps racinien met en jeu les valeurs fondatrices de la société du XVIIe siècle. Loin d’en être le reflet, il est un lieu conflictuel qui interroge les fondations de la symbolique sociale, en dramatisant les fêlures inhérentes aux institutions. La tragédie du Grand Siècle est un révélateur fécond. Contemporaine de l’absolutisme, elle est amplement investie par le pouvoir ; d’inspiration aristotélicienne, elle exploite le rapport polémique entre dignité et faiblesse, pour provoquer d’intenses émotions ; avec l’émergence du premier champ littéraire, elle est surtout soucieuse de plaire. Racine, écrivain de ce siècle galant, explore les formes du corps les plus à même de toucher ses publics. Ce sont aussi les mutations de l’esthétique théâtrale que son analyse permet d’observer. Corps culturels, corps critiques, corps esthétiques : les corps raciniens ouvrent une voie pour interroger l’histoire du théâtre, des moeurs et des sensibilités.