Construire la différence : élaboration et utilisation de l'image des gitans dans l'Espagne franquiste, 1936-1975
Auteur / Autrice : | Xavier Rothéa |
Direction : | Carol Iancu |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire contemporaine |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Résumé
Après trois ans de guerre civile, Franco et ses partisans instaurent en Espagne une dictature qu'ils définissent comme « national-catholique ». Cette double dénomination qui marque le caractère à la fois nationaliste et catholique du nouveau régime, n'est pas sans jeter le trouble sur l'attitude du nouveau pouvoir face à la seule minorité « visible » alors présente en Espagne: les Gitans. L'image qu'en donnèrent différentes institutions, notamment policière ou judiciaire, du nouveau régime s'accordent peu avec son caractère catholique. En effet leur criminalisation, à travers l'essentialisation de leurs prétendus comportements délictueux, laisse supposer une hostilité marquée par des conceptions racialistes ailleurs caduques. Cette image négative, s'appuyant sur des préjugés préexistants, se répandit dans la société espagnole par le biais de la presse et de l'édition qui reprirent et réinventèrent les stéréotypes traditionnels accolés aux Gitans pour les transformer en contre-modèle social. L'Eglise, dont le poids fut déterminant dans l'Espagne franquiste se démarqua peu à peu de sa traditionnelle hostilité anti-gitane pour s'inscrire ensuite, sous l'influence de sa branche libérale, dans un processus de « promotion » de cette minorité notamment après le concile Vatican II. Le Gitan, d'abord considéré comme hérétique ou superstitieux, se mua en « frère séparé » qu'il convenait d' intégrer. Dès lors, conservateurs comme partisans de l'ouverture s'accordèrent, dans la dernière décade du franquisme, pour reconnaître en lui la figure du marginal tout en s'opposant sur l'interprétation de cette marginalité. L'émancipation progressive du mouvement pro-gitano et sa prise en main par des Gitans marqua au milieu des années 1970, en même temps que la fin de la dictature, l'espoir de temps meilleurs.